Iran, Otan : faudra-t-il un jour rompre l’alliance américaine – Jean-Philippe Immarigeon
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Non, ce n’est pas l’accord nucléaire qui est en jeu, ce n’est pas l’Iran que les Américains veulent mettre à genoux, c’est l’Europe. D’aucuns diront qu’il s’agit de la doctrine Bush, de son avertissement aux Européens au surlendemain du 11 septembre 2001 : si vous n’êtes pas derrière nous, c’est que vous êtes contre nous. Les historiens répondront que l’Amérique n’a jamais eu qu’une seule obsession, l’Europe et la France en particulier, que ces inscriptions sur les chars Abrams envahissant l’Irak résumaient parfaitement : Today Baghdad, tomorrow Paris. Et ce n’était pas une boutade : il n’y a pas de second degré dans le discours américain, il faut le prendre brut de décoffrage.
Aussi, lorsque Le Maire s’indigne du délai de soixante jours que nous donne l’Iran pour tenir nos promesses, claironnant que l’Europe ne céderait pas à un ultimatum, réalise-t-il qu’il se trompe de cible ? Car sa collègue des armées a dû répondre ces jours-ci à un autre ultimatum, un vrai celui-là, et pas de Téhéran. Le 1er mai dernier, deux responsables du Pentagone ont dénoncé le Fonds européen de la Défense qui doit financer l’innovation technologique et les projets de coopération dans le domaine militaire, mais qui exclue toute filiale d’une entité installée hors de l’UE. Pour le Pentagone, ces dispositions « ne nuiraient pas seulement aux relations constructives entre l’OTAN et l’UE que nous avons nouées au cours des dernières années, mais pourraient aussi ramener aux discussions parfois conflictuelles sur la défense européenne d’il y a quinze ans ». A cette lettre était jointe une seconde, signée de Gordan Sondland, ambassadeur des États-Unis auprès de l’UE, exigeant une réponse avant le lundi 10 juin (soit au lendemain de la visite de Trump sur les plages normandes du DDay) sous peine d’actions réciproques – mots diplomatiques pour sanctions.
Que vont faire nos moutons face au loup ? Rien.
[…]
Il ne s’agira pas simplement de sortir de telle ou telle structure intégrée, comme de claquer la porte de l’OTAN, mais de se dégager de son emprise, de retrouver notre souveraineté dans les normes technologiques et la règle de droit, dans les industries au prix sans doute de quelques nationalisations, et surtout – le plus difficile – de retrouver un mode de pensée libre qui ne soit ni celui du management ni celui de l’économie libérale. En un mot revenir peut-être au temps du grand basculement, lorsqu’il y a deux cent cinquante ans un roi de France fit cadeau aux colons anglo-américains des Treize colonies d’une indépendance qu’ils étaient bien incapables d’obtenir seuls sans nos canons et nos vaisseaux. L’heure est venue de réparer cette erreur [il propose que la Grande-Bretagne et la France re-colonise l'Amérique ?].
Jean-Philippe IMMARIGEON
Co-responsable Défense de « République souveraine »
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L'Amérique est notre ennemie parce qu'elle a une stratégie mondiale. Sur cette scène, elle n'a que deux rivales possibles : la Chine aidée de la Russie et l'Europe menée par la France. Il est normal quelle essaie d'abaisser l'Europe (ce qui est insupportable, c'est que cela s'accompagne de leçons de morale).
Je pense que toute idée d'opposition française un peu sérieuse est illusoire mais il est sain d'avoir en tête la bonne perspective.
A l'heure où Macron, cette anti-France en chair et en os, brade les Iles Eparses à Madagascar, je répète l'importance primordiale que j'attache au fait de conserver toutes nos possessions d'outremer.
C'est faisable, ce n'est pas aussi violent qu'une confrontation directe avec les Etas-Unis, et ça préserve la vocation mondiale de la France pour le jour où il se trouvera un homme capable de la relever (c'est aussi en prévision de ce jour que tous les Macron de la terre se dépêchent de nous en débarrasser).
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