vendredi, septembre 28, 2007

Du génie français de l'usine à gaz

Comme je n'ai pas trop le temps, je vous renvoie au blog édifiant de JM Apahatie :

Du génie français de l'usine à gaz

Je ne sais plus qui avait écrit que l'intelligence est dans la simplicité, ce n'est pas quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à enlever.

A cette aune là, nous ne sommes pas prêts de rejoindre le peloton de tête des peuples intelligents.

Je me console en me disant que, si les politiciens dirigent le pays, ils ne représentent souvent qu'eux-mêmes et que je peux avoir honte d'eux sans avoir honte du pays.

Mais je suis conscient que cet argument est en partie fallacieux.

jeudi, septembre 27, 2007

La corruption des politiciens

Je tiens que nos politiciens sont corrompus. Ceux qui ne le sont pas au sens financier et légal du terme le sont au sens moral, intellectuellement malhonnêtes.

Bien sûr, il y a probablement des exceptions ... exceptionnelles.

Vous me direz que cela vous rappelle le «Tous pourris» lepéniste ou poujadiste. Certes. Je l'assume car mes solutions sont toute différentes.

On ne peut pas le dire mieux que Clémenceau : «La politique, c'est comme l'andouillette : ça doit sentir la merde, mais pas trop.» Je n'aime pas les purs, mais je n'aime pas non plus les filous.

Dans le tourbillon de la politique moderne, on passe trop aisément du compromis à la compromission, de l'accommodement à l'immoralité, de la parole adaptée à la communication au mensonge.

Nos politiciens ne sont pas fondamentalement pires que les autres, mais ils restent plus de temps aux commandes d'un Etat plus puissant. Cette double particularité rend la dérive bien plus longue, profonde et délétère.

Mon remède découle tout naturellement du diagnostic : interdiction du cumul des mandats et des fonctions, réduction des pouvoirs de l'Etat.

En attendant le jour béni où cela sera fait, restons sur le fier dédain montanien : «Le bien public requiert qu'on trahisse, et qu'on mente, et qu'on massacre : laissons cette commission à gens plus obéissants et plus souples.»

Le sarkozysme en action

Je vous renvoie à l'excellent blog What's next :

Rupture avec le passé ?


Je suis encore plus cynique : je ne peux m'empêcher de penser que, décidément, la politique est une activité lucrative, car, bien entendu, le poste dont il est question n'est pas bénévole.

mercredi, septembre 26, 2007

OGMs, bio : je me marre, sempiternelle poilade ...

Les partisans du bio et les adversaires des OGMs, deux populations distinctes mais fortement imbriquées, partagent deux erreurs qui les ridiculisent (ou devraient les ridiculiser) :

1) Opposer le naturel à l'industriel, à l'humain. Alors que depuis des siècles, voire des millénaires, que l'homme façonne la nature et sélectionne les espèces, cette distinction n'a plus aucun sens s'agissant des aliments, ou, plus exactement, il n'y a plus rien de naturel.

2) D'autre part, penser que, par une sorte de magie, ce qui se rapprocherait du naturel serait plus sain que ce qui a été manipulé par l'homme. On ne voit pas bien pourquoi l'homme a un cerveau si chaque fois qu'il s'en sert, cela dégrade la situation. En bonne logique, on devrait même penser le contraire : que ce qui a été consciemment manipulé pour en améliorer les qualités a des chances d'être meilleur que le produit natif.

Moins de mycotoxines dans le maïs OGM

lundi, septembre 24, 2007

L'Etat français est-il en faillite ?

François Fillon a déclaré qu'il était à la tête (ah bon ?) d'un Etat en faillite.

Nos belles âmes adoratrices du Moloch étatique ont frémi d'horreur et crié au sacrilège.

Examinons la situation (les chiffres proviennent de l'INSEE et du rapport Pébereau, j'arrondis).

La dette

Depuis 30 ans, l'Etat français n'a pas eu de budget à l'équilibre. La dette publique est au minimum de 1200 Md d'€. En réintégrant le «hors-bilan» digne d'un «patron-voyou» (mais les magouilles d'un énarque sont nobles et pures, contrairement à celles d'un salaud de capitaliste), on atteint un chiffre de dette de 2000 Md d'€.


L'actif


Le patrimoine de l'Etat est beaucoup plus difficile à évaluer, que vaut Versailles ? Que vaut le Louvre ?

Un moyen de calcul bestial est de considérer les revenus du patrimoine de l'Etat. Ils sont d'environ 25 Md d'€. Si l'on applique la méthode du fisc et qu'on prend l'hypothèse que le rapport est de 3,3 %, cela nous fixe une valeur du patrimoine à 25*30 = 750 Md d'€.

Ces 750 Md d'€, c'est en gros ce que l'Etat pourrait vendre si il décidait de rembourser sa dette.

L'INSEE évalue ce patrimoine à 2000 Md d'€, sachant qu'une partie de ce patrimoine n'est pas réalisable.

L'actif net

C'est ce qui resterait si l'Etat décidait de vendre son patrimoine pour rembourser sa dette. D'après les chiffres précédents, on obtient entre 0 (fol optimisme) et -1250 Md d'€ (plus réaliste).

Autrement dit, l'Etat français serait une entreprise, il serait en situation de faillite. En ce sens, François Fillon a raison.

Mais l'Etat n'est pas une entreprise. Il possède le pouvoir de coercition légale de l'impôt. Autrement dit, il peut décider de son chiffre d'affaires (je poursuis l'analogie).

Le mécanisme de la faillite

L'Etat n'étant pas une entreprise, il ne peut faire faillite de la même façon.

Cependant, il existe bien un mécanisme de faillite des Etats, mécanisme qui nous pend au nez. Nous ne pourrons pas dire que nous n'avons pas été prévenus.

1) La faculté de l'Etat à lever des impôts rencontre le mur de la dure réalité économique : au-delà d'un certain taux d'imposition, dit optimum de Laffer, le rendement de l'impôt est décroissant.

Autrement dit, plus l'Etat augmente les taux d'imposition, moins il y a de sous qui rentrent dans les caisses, tout simplement parce que l'Etat euthanasie l'économie dont il vit. Le parasite intelligent ne doit pas tuer son hôte, mais l'Etat n'est pas toujours intelligent.

Ce phénomène est bien connu, son inverse aussi d'ailleurs : une diminution brutale des taux d'imposition, gagée sur des réductions structurelles des dépenses publiques (c'est le point fondamental que Sarkozy ne veut pas comprendre), entraine une augmentation des recettes fiscales, grâce à la prospérité retrouvée de l'économie. Ce point n'est en rien théorique : il a été expérimenté avec succès aux USA, au Canada, en Irlande, en Suède et dans bien d'autres pays.

Donc, point 1) de mon explication, l'Etat qui cherche à se sauver de la dette par une augmentation des taux d'imposition est voué à l'échec. C'est en ce sens que l'idée de taxer les stocks-options est mauvaise : c'est un impôt de plus alors qu'il faudrait en supprimer.

2) Les déficits créent une nécessité : trouver des créanciers pour les financer par l'achat de titres de dette. L'Etat est sans cesse en quête de créanciers, très exactement, pour la seule dette d'Etat (sans les dettes para-publiques genre Sécu), il doit placer 200 M€ par jour ouvré.

Comme on n'attire pas les mouches avec du vinaigre, l'Etat paye un intérêt à ses créanciers, c'est ce qu'on appelle le «service de la dette». Il s'élève en France à 50 Md d'€, soit la quasi-totalité de l'impôt sur le revenu.

L'Etat avait traditionnellement deux moyens d'échapper à ses créanciers :

> la banqueroute : l'Etat décide arbitrairement que sa dette a perdu sa valeur. C'est comme si un ami vous empruntait 10 €, vous en rendait 2 pour solde de tout compte et que vous deviez vous estimer content.

> l'inflation et la dévaluation : la dette a toujours la même valeur nominale, mais c'est la monnaie qui sert à la payer qui perd sa valeur. L'Etat rembourse sa dette en monnaie de singe. Ce moyen est typique d'une sortie de guerre.

Vous remarquerez que, dans l'Europe de 2007, ces deux moyens sont impossibles. L'€, peut-être à long terme pour notre malheur, a protégé le pays de la dévaluation de notre monnaie.

L'Etat ne peut donc échapper à ses créanciers.

Ces créanciers demandent un taux d'intérêt correspondant à la fiabilité de l'emprunteur. Plus l'emprunteur est fiable, moins ils sont exigeants.

Mais comment les créanciers savent ils que l'emprunteur est fiable ? C'est là qu'interviennent les fameuses agences de notation, dont le travail est justement de noter la fiabilité des emprunteurs, entreprises et Etats. Aujourd'hui, la note de dette de la France est bonne, mais elle est surévaluée pour des raisons politiques (ne pas mettre en cause un grand pays de la zone Euro).

Maintenant que vous savez tout cela, il est facile d'imaginer le scénario infernal, décrit par feu Philippe Jaffré dans la «France en faillite» : la dette publique française augmente très vite, notamment sous le poids des retraites non financées, vers 2012 (demain, en quelque sorte), une agence de notation dégrade la dette de l'Etat français, les institutionnels, à qui des règlements internationaux imposent d'avoir des titres de dettes fiables, se désengagent, les taux d'intérêts français flambent, l'Etat se retrouve étranglé, prend des mesures drastiques, comme de reculer de 15 jours la paye des fonctionnaires et des retraités.

Le Fonds monétaire International (FMI), prêteur créé pour ses circonstances, intervient. Son président, Dominique Strauss-Kahn, rencontre Nicolas Sarkozy et exige des réductions fortes et immédiates des dépenses publiques.

Des fonctionnaires sont licenciés avec des indemnités réduites, les retraites sont amputées d''un tiers, des écoles et des hopitaux ferment. Plusieurs semaines d'émeutes secouent la France.

Car ne vous méprenez pas : tous les imbéiles qui parlent d'une «vision comptable», par opposition à ce que serait la noble vision politique détachée des basses questions d'intendance, négligent que chaque € mal dépensé est gros de drames humains. «Quand on oublie de compter, c'est qu'on oublie la peine des hommes.»

Le scénario catastrophe est-il évitable ?

Dans l'absolu, je n'ai aucun doute : la catastrophe est évitable et, même, facilement évitable. Je le dis et je le répète, les recettes et les méthodes sont connues.

C'est la menace de l'intervention du FMI qui a fouetté l'orgueil du Canada et de la Grande-Bretagne et les a amené à réagir.

Cependant, dans le cas de la France, je suis d'un grand pessimisme : l'ignorance crasse de l'économie, la religion des «avantages acquis» et des statuts, le provincialisme des politiciens, l'égoïsme, souvent puéril, des Français, tout cela se combine pour laisser peu d'espoir d'un sursaut, d'un coup de reins salvateur, avant la chute.

Ainsi va notre histoire, de «succès achevés» en «malheurs exemplaires».

vendredi, septembre 21, 2007

Entendu à BFM

«Les déclarations de M. Sarkozy sur la BCE sont grotesques. Certes, on peut avoir des doutes sur la compétence de M. Trichet, en son temps, il n'avait pas su lire le bilan du Crédit Lyonnais, mais il est entouré. Par exemple, son adjoint M. Papadémos, connaît mieux l'économie que MM. Sarkozy et Guaino réunis.»


Pour mémoire, M. Guaino est ce conseiller présidentiel qui avait cru bon d'écrire que les déficits publics ne sont pas graves puisque les Français, eux, épargnent. Ce qui révèle, au mieux, un esprit confus ; au pire, une mentalité de voleur en col blanc.

Je rappelle également que les conditions d'une croissance durable sont connues (1) et que des taux d'intérêt bas n'en sont pas une.

Comme sur d'autres sujets (on parle d'une interdiction de la culture d'OGMs en France, on n'est plus à une folie près), le gouvernement étale son incompétence.

Cela pourrait n'être que passager, l'arrivée au pouvoir est encore fraiche. Hélas, je crois que le mal est plus profond : des ministres médiocres (2) et une campagne présidentielle tout aussi médiocre, qui a occulté les débats de fond, font que le gouvernement est sans doctrine, sans idées mures et a une très faible capacité à en générer (3).

Les ministres ne sont pas des flèches et le président ne s'arrête guère pour penser, alors, évidemment, le gouvernement se comporte comme un poulet sans tête.

(1) prélèvements autour de 30 %, effectifs de fonctionnaires autour de 15 % de la pop active, marché du travail fluide, fortes recherche et universités.

(2) la prédiction de JM Aphatie comme quoi la brillante C. Lagarde se transformerait en cornichon au contact des autres cornichons est pleinement vérifiée. Sa déclaration «En France, il faut arrêter de penser et travailler plus.» est parfaitement idiote. «Il faut arrêter de discuter et penser plus.» aurait été plus juste.

(3) Sans faire de triomphalisme, je vous signale que, pendant la campagne électorale, je vous avais dit que l'absence de «think tanks» des candidats (Non, «Désirs d'avenir» n'en était pas un ! :-) pour mûrir les idées, et, d'une manière générale, l'absence de travail intellectuel approfondi me semblaient des faiblesses gravissimes.

mercredi, septembre 19, 2007

Que penser du Rafale ? Que penser d'Hervé Morin ?

Hervé Morin, ministre de la défense, transfuge de l'UDF, a récemment déclaré, au grand émoi de Dassault et de ses partenaires, que la Rafale était trop sophistiqué, trop cher et a cité l'exemple du F16. Faire une triple erreur en une seule phrase, chapeau, M. le ministre !

> le Rafale trop sophistiqué : au contraire, le problème du Rafale est d'être un peu juste, faute d'argent pour achever correctement le développement et entrer dans un cycle d'amélioration continue. Les moteurs sont faiblards, le radar pas au top et il manque quelques organes, dont le désignateur laser.

> le Rafale est trop cher : oui, pour l'Etat français qui est impécunieux (on ne peut avoir à la fois un personnel pléthorique, un quart de la population active fonctionnaire, et des jouets dernier cri) mais, dans les prix export, il se classe plutôt pas mal par rapport à ses concurrents.

> l'exemple du F16 : celui-ci est dans la catégorie du Mirage 2000, il est donc normal qu'il soit moins cher que le Rafale. C'est d'ailleurs à mon avis une erreur stratégique majeure de Dassault d'avoir arrêté la chaine du M2000.

D'une manière générale, la déclaration du ministre est stupide : on comprend bien qu'il prépare le terrain à des réductions de commandes du Rafale.

Mais il aurait pu le faire autrement que par une déclaration publique qui donne une mauvaise image d'un avion déjà difficile à vendre.

Or, les améliorations de ce genre de matériels sont financées par les exportations (c'est ce qui est arrivé au F16, au Mirage 2000 et qui est en train d'arriver au Typhoon). Donc, au final, c'est dans l'intérêt de l'Etat et des armées françaises d'avoir un Rafale qui s'exporte, de manière à récolter les fruits des «upgrades» export.

Bref, le ministre, en croyant tirer sur le Rafale, s'est aussi tiré une balle dans le pied.

Mais, on le sait, en France, les ministres sont incompétents : ils s'occupent de tout et de rien, sont propulsés à des postes dont la compétence de l'impétrant n'est pas le critère de sélection principal, cumulent les mandats et les fonctions, courent les medias et les honneurs plus que les dossiers.

Soit, c'est une tradition surement respectable, comme toutes les traditions. Après tout, Hervé Morin n'est ni plus ni moins incompétent que la plupart de ses collègues.

Par contre, son cabinet, supposé compétent, lui, écrit des discours que le ministre est censé lire avec plus de conviction qu'un perroquet.

Une erreur ponctuelle peut se glisser dans son discours, mais puisque le ministre a répété ses propos, il n'y a qu'une seule explication possible : c'est à une véritable erreur d'analyse que nous avons à faire.

D'ailleurs, voulant élargir son propos, il a mis le doigt dessus : il a parlé de matériels issus de la guerre froide, inadaptés aux situations d'aujourd'hui.

Ces propos simplistes peuvent séduire le grand public qui n'y connait rien, mais ils sont impardonnables dans la bouche de quelqu'un qui, malgré toute son incompétence, devrait tout de même maitriser un minimum son sujet.

Je m'explique. Pour schématiser, les armées sont confrontées à deux types de conflit :

> les conflits dits de basse intensité, comme l'Irak ou l'Afghanistan, conflits dont l'occurrence est quasi inévitable. Du matériel rustique, bon marché, pour faire de la contre-guérilla améliorée suffit.

> les conflits dits de haute intensité, comme contre l'Iran ou la Chine. Ils sont peu probables, mais c'est comme les assurances, on est bien content d'y avoir pensé quand ça arrive.

Or, si il est possible d'utiliser efficacement le matériel pour conflits majeurs dans des conflits mineurs, l'inverse n'est pas vrai.

Tout état-major réfléchissant à des matériels dont le développement dure vingt ans et la vie en service quarante, comme le Rafale ou le Leclerc, se doit de prévoir le pire, suivant l'adage «qui peut le plus peut le moins », quitte à ce que le matériel soit sous-utilisé parce que le pire n'arrive pas.

Toute autre attitude est irresponsable. Il est donc malvenu de parler de matériels de guerre froide, alors qu'il s'agit de matériels de guerre très chaude, qui peut toujours arriver

En résumé, la sortie d'Hervé Morin contre le Rafale ne tient pas la route (1).

Je me suis attardé sur le cas d'Hervé Morin et du Rafale, car il me semble symptomatique du fonctionnement (ou du dysfonctionnement) du gouvernement : des ministres qui ne sont pas des flèches, qui racontent n'impoorte quoi et des cabinets qui n'assurent pas.

Bien sûr, l'Elysée est, paraît-il, omnipotente, mais est-ce que ça ne crée pas plus de problèmes que ça en résout ?

(1) : je me suis forcé pour trouver un calembour aussi creux

mardi, septembre 18, 2007

Ségolène, si elle n'existait pas ...

Si Ségolène Royal n'existait pas, je m'en passerais fort bien.

Mais puisqu'elle existe, elle nous fait rire : en quelques phrases, elle a réussi à osciller du Christ (« Pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu'ils font.») à Jeanne d'Arc («brulée vive»).

Et comme les cons (et les connes), ça ose tout, elle est même allée jusqu'à expliquer que les attaques contre elle relevaient d'une misogynie «raciste», comme si il n'était pas naturel qu'un politicien, homme ou femme, superficiel, brouillon, incompétent, paresseux, vaincu, mais dévoré d'ambition, se fasse attaquer.

Un extra-terrestre qui débarquerait sans connaitre l'état de coma intellectuel du PS se demanderait par quel coup de folie ce parti a pu la choisir comme candidate à une élection nationale.

lundi, septembre 17, 2007

La première faute de Sarkozy

Les opposants à Nicolas Sarkozy sont toujours aussi navrants (ils n'ont pas beaucoup progressé depuis les histoires de yacht).

Pourtant, il y aurait tant à dire, la crise financière, par exemple, est particulièrement mal négociée. Seulement, en réalité, Sarkozy et ses opposants partagent les mêmes dogmes étatistes et volontaristes. Nos politiciens, qui se gargarisent du mot «volontarisme», se rendent-ils compte que ce mot est péjoratif et les ridiculise ?

La seule critique radicale du sarkozysme est libérale, mais celle là, vous ne l'entendrez pas dans les grands medias.

Koko, ça va mal se passer !

dimanche, septembre 16, 2007

Devinette : France-Allemagne

Allemagne : 150 Md d'€ d'excédents commerciaux

France : 40 Md d'€ de déficit commercial.

L'un de ces pays à un budget étatique en déficit, rien n'est fait pour le résorber et la dette augmente. L'autre a fait un énorme effort, a un excédent budgétaire et réduit sa dette.

Saurez vous retrouver lequel est la France, lequel est l'Allemagne ?

vendredi, septembre 14, 2007

En lisant Commentaire : Mme Agacinski et «homoparentalité»

Dans le dernier numéro de Commentaire, il y a un article de Sylviane Agacinski (épouse de Jospin, Lionel ; pour ceux que les questions «people» intéressent) intitulé "Parenté et sexualité : l'«homoparentalité» ".

Elle conclut un peu hypocritement son article par une question, mais son opinion ne fait aucun doute.

Pendant tout le reste de l'article, j'emploierai les mots «homoparentalité» et «hétérosexualité» avec des guillemets. En effet, ces termes adoptent déjà le point de vue des homosexuels militants, comme je vais l'expliquer par la suite, leur emploi n'est donc pas neutre, les guillemets signalent que je ne suis pas dupe.

C'est une des marques de réussite des lobbys que de faire en sorte de poser le débat public dans des termes qui les favorisent (autre exemple : «sans-papiers» par rapport à «immigré clandestin»).

Je résume l'article, avec lequel je suis globalement d'accord :

> le droit considère les sexes (homme, femme) mais pas les sexualités (homosexuel, «hétérosexuel», zoophile, échangiste, etc ...). Baser le droit sur une chose aussi changeante que les orientations sexuelles ne parait pas sain en principe (le sexe est une donnée biologique et sociale, la sexualité est un choix intime et personnel) ni judicieux en pratique.

> le mariage est une affaire de sexes et non de sexualité. Le mariage, anthropologiquement et juridiquement, est mixte : c'est un homme et une femme, mais aussi deux familles, deux lignées, deux patrimoines. Ce n'est pas sexualité qui fait le mariage, mais la constitution d'une cellule familiale potentielle.

C'est pourquoi l'opposition «hétérosexuels» / homosexuels est orientée : elle fait du mariage une question de sexualité alors que ce n'est pas le cas.

> Le mot «homoparentalité» souffre du même travers : «il laisse croire, par un tour de passe passe verbale, qu'on est parent parce qu'on est homosexuel ou que l'on peut être parent en tant qu'homosexuel

L'homosexualité des parents n'a en réalité aucun rapport avec leur maternité ou leur paternité.

Sylviane Agacinski propose éventuellement un statut pour le «beau-père» ou la «belle-mère», étant entendu que l'autre membre du couple est le parent de l'enfant (adoptif ou biologique) pour faciliter la vie dans des cas qui existent, mais refuse la création d'une nouvelle forme de filiation, la filiation homosexuelle.

> la question du mariage homosexuel étant intimement lié à l'«homoparentalité», le refus de l'une entraine le refus de l'autre pour des raisons similaires (parler de sexualité là où il est question de mixité).

> enfin, dernier argument pour justifier l'«homoparentalité» : le culturalisme radical. Le mariage serait une pure construction culturelle qu'il serait loisible de modifier. Mais on n'enlèvera pas que l'existence humaine est sexuée et, par conséquent, le mariage mixte.

Devinette : le roi des cons

Mon précédent message sur la loi de Godwin ayant suscité quelques réflexions sur les cons, je vous soumets ce texte que je dois à la revue Commentaire.

Il émane d'un vrai con, de gros calibre, médaille d'or sur plusieurs décennies si la connerie était sport olympique, un professionnel, peut-être même dopé, gloire internationale, pas un rigolo, pas un amateur comme nos trotskystes actuels.

Dès qu'il y avait une connerie à dire sur un ton définitif, une erreur d'analyse à publier avec assurance, une ânerie à promouvoir, il était là, égal à lui-même.

Maintenant qu'il est mort, ça ne serait pas grave si il n'avait de dignes successeurs.

Saurez vous deviner son nom ? (pas très difficile. Encore un indice : c'était un bon romancier, les problèmes commençaient lorsqu'il donnait son avis sur la politique et, vu la très haute opinion qu'il avait de lui-même, il passait son temps à ça.)

IMPRESSIONS D'URSS (1954)

Le citoyen soviétique possède, à mon avis, une entière liberté de critique, mais il s'agit d'une critique qui ne porte pas sur des hommes, mais sur des mesures.

L'erreur serait de croire que le citoyen soviétique ne parle pas et garde en lui ses critiques. Cela n'est pas vrai. Il critique davantage et d'une manière beaucoup plus efficace que la nôtre. L'ouvrier français dira : « Mon patron est un salaud ! »

L'ouvrier soviétique ne dira pas : « Le directeur de mon usine est un salaud ! » mais : « Telle mesure est absurde. » La différence, c 'est que le Français le dira dans un café ; le Soviétique, lui, s'engagera publiquement, engagera sa responsabilité dans la critique au cours d'une réunion officielle - par exemple la réunion du Soviet, la réunion de tel groupe technique dont il fait partie, ou la réunion du Parti. Il critiquera âprement, souvent, mais toujours dans une direction positive. Et ce qui est vrai des ouvriers est vrai de tout le monde.

[...]

Vers 1960, avant 1965, si la France continue à stagner, le niveau de vie moyen en URSS sera de 30 à 40 % supérieur au nôtre. Il est bien évident qu 'avec une société de ce type, qui édifie pour elle et pour tous les hommes, le seul rapport raisonnable est un rapport d'amitié.

Libération, 15 et 20 juillet 1954. [Vous remarquerez que le niveau de Libé ne s'est guère élevé depuis 1954 : le vocabulaire a changé, les idées sont restées à peu près les mêmes].

La loi de Godwin

La loi de Godwin dit ceci : « Plus une discussion sur Internet, quel qu'en soit le sujet, dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison avec les nazis ou avec Hitler s'approche de 1 ».

Cette loi, assez peu vérifiée sur ce blog d'ailleurs, s'explique de la manière suivante : le nazisme étant considéré comme la pire idéologie, la discussion s'éternisant et s'envenimant, la probabilité qu'on insulte l'adversaire avec la pire insulte augmente.

On peut aussi y voir un symptôme de la pauvreté des discussions sur internet : quand deux types moyennement intelligents discutent, ça va ; quand s'y joignent quelques imbéciles (qui, à mon avis de misanthrope sont plus nombreux que les intelligents), ça dégénère.

mercredi, septembre 12, 2007

Sous le feu

Sous le feu

Je trouve ce cahier du Retex instructif, y compris pour ceux qui ne s'intéressent pas à la chose militaire. Il éclaire des situations rencontrées dans la littérature ou dans l'histoire.

Par contre, sa conclusion, débarrassée des précautions du langage d'Etat-Major, est assez inquiétante : l'armée française n'a pas souffert ces dernière années d'une mauvaise préparation psychologique et micro-tactique au combat, non pas parce qu'elle est bien préparée, mais parce qu'elle n'a pas rencontré des adversaires assez coriaces pour profiter de ses défauts.

Ce n'est d'ailleurs pas le problème de la seule armée française : l'auteur cite une source anglaise doutant qu'une section d'infanterie britannique actuelle résisterait à son équivalent allemand de 1944.

Il n'en reste pas moins aussi, au-delà des considérations de formation et d'organisation, qu'il y a, chez les militaires, deux catégories, les herbivores et les carnivores, et que le temps de paix favorise les premiers alors que ce sont les seconds qui gagnent les guerres.

mardi, septembre 11, 2007

Le retour du blog de JP Chevallier

C'est avec un grand plaisir que je salue le retour du blog de Jean-Pierre Chevallier. Ses commentaires y sont souvent saignants et radicaux, mais ils tiennent debout. C'est pour cela qu'il dérange (inutile de préciser que le sarkozysme n'est pas son truc).

EADS 2006, ça vole bas

Un premier article sur EADS qui n'est qu'une actualisation d'un précédent, je résume :

1) EADS est la création est la création d'une mafia de technocrates, étatistes, syndicalistes, X-Mines, énarques, totalement incompétents en matière commerciale et industrielle.

2) Les Américains avaient intérêt à la création d'EADS suivant le principe que mieux vaut favoriser un ennemi faible par construction que de s'exposer à la survenue d'un ennemi fort et inattendu.

Dans cette optique, d'après Chevallier, l'énarque gauchiste Gallois, son profil et son parcours garantissant son incompétence pour diriger une entreprise en concurrence mondiale, est le candidat idéal des Américains pour la direction d'EADS. Chevallier le traite d'ailleurs d'idiot utile.

3) Pour favoriser l'émergence d'EADS, les Américains ont fait mine de s'y opposer, de manière ostensible, afin que, par esprit de contradiction chauvin, les Européens s'y lancent et que EADS soit dès sa naissance handicapé par l'esprit du nationalisme (si il en est ainsi, les Américains ont particulièrement bien joué : EADS était et est toujours ravagé par le nationalisme).

Cette stratégie américaine est redoutablement efficace car elle fait des anti-Américains ses meilleurs alliés.

4) L'inefficace EADS pompe l'énergie et le capital de l'aéronautique européenne et la plombe durablement.

Il s'agit là de l'opinion de JP Chevallier et je suis agnostique sur le sujet. Par contre, il est vrai que ce raisonnement correspond très exactement à ce qui s'est passé pour l'A380, que j'ai suivi de près.

1) Les Européens hésitaient à lancer l'A380.

2) Boeing a fait semblant de préparer un très gros porteur.

3) Les Européens ont répondu qu'ils ne pouvaient pas laisser le monopole du marché des très gros porteurs aux Américains. Ils ont méprisé les «financiers» (il faut déjà être un peu bêbête pour prendre le mot «financier» pour une insulte) qui leur conseillaient de ne pas lancer l'A380, trop risqué.

4) Aussitôt l'A380 fermement lancé, les Américains ont remisé leur projet de gros-porteur (avec le recul, on sait qu'il n'a jamais été sérieux) et se sont mis au Dreamliner, qui fait depuis un tabac.

5) L'A380 est une catastrophe financière et commerciale, il ne rapportera jamais un sou, bien heureux si il ne coule pas la boîte, et gèle les capacités d'investissement et d'innovation d'EADS pour quelques années.

Le deuxième article est pour faire la promotion des fonds de pension en France. Ils permettraient de résoudre d'un coup deux problèmes : la sous-capitalisation des PMEs et l'étatisation excessive de l'économie.

Les fonds de pension dans les pays de l'OCDE


Mais la réflexion française sur le sujet est absolument inexistante et le sujet n'effleure même pas l'esprit des politiciens. Nos problèmes ne sont donc pas en voie de résolution.

Quand j'entends dire que la retraite par répartition serait plus morale car il s'agirait de solidarité entre les générations, j'hésite entre le rire et les pleurs devant la pauvreté de l'argument : la «solidarité» forcée et obligatoire est une hypocrisie, ça n'a vraiment rien de solidaire.

On essaie d'appliquer des critères moraux de manière inappropriée. La retraite par répartition aurait une valeur morale si elle était volontaire : ceux qui cotiseraient feraient un vrai geste généreux. (De plus, tant qu'à considérer l'argument moral, la retraite par capitalisation (1) est au moins aussi défendable : chacun profite des fruits de son travail sans voler son voisin.)

Se placer sur le terrain de la morale est pernicieux : cela engendre des débats théologiques sans fin et sans grand intérêt, puisque dépourvus de pertinence.

Les cotisants de la répartition ne payent pas pour faire vivre les vieux, mais pour s'acheter des droits à la retraite pour eux-mêmes.

La question est donc : vaut-il mieux mettre de coté de l'argent pour soi ou payer pour les retraités actuels de manière à s'ouvrir pour plus tard des droits à la retraite ?

Le deuxième système est par construction plus lourd, plus déresponsabilisant et pèse sur l'économie, le premier est donc meilleur.

Chevallier conclut par ces phrases qui ont provoqué mon hilarité en imaginant à la tête des pères-la-pudeur de l'orthodoxie antilibérale les lisant :

C’est en financiarisant (presque) toutes leurs activités que les hommes peuvent s’enrichir mutuellement et résorber la pauvreté. En continuant à s’opposer au capitalisme libéral, les Français s’autodétruisent d’années en années…

Il n’y a pas d’opposition entre les intérêts des individus et des entreprises, mais au contraire une communauté d’intérêts.

L'argument pour les fonds de pension est simple : il est économique.

Mais comme l'économie n'a jamais été notre domaine d'excellence collective, nous nous y montrons sous notre plus mauvais jour : stupides, agissant à l'encontre de nos intérêts.

(1) : je me sens presque honteux de devoir ajouter cette précision, mais on ne sait jamais : le principe des fonds de pension ne préjuge en rien de qui gère les fonds, comment et suivant quels critères. La ministre Christine Lagarde a proposé des fonds de pension gérés par l'Etat, idée particulièrement idiote, à éviter à tout prix, vu les performances de l'Etat-actionnaire, certes, mais idée tout de même.

Alain Soral

Je viens de découvrir Alain Soral, frère de l'actrice Agnès. Quel dommage qu'il vote FN (ce qui, à mes yeux, prouve une majeure faute dans la réflexion politique et dans les valeurs), car certains de ses propos ne sont pas idiots (il est d'ailleurs heureux qu'une position politique ne disqualifie pas la totalité des propos, n'est-ce pas messieurs les communistes ?).

Il est vrai que je suis enclin à l'indulgence car le politiquement correct et les tabous de la pensée restreinte me pèsent. Je vois donc d'un oeil pas trop regardant qui en défonce les prétendues barrières avec allégresse.

Autant je désapprouve fermement les idées d'Alain Soral, dont certaines comme l'antisémitisme puent carrément, autant je trouve que sa manière de mettre les pieds dans le plat fait du bien.

Il est dommage qu'en France le débat soit si verrouillé qu'il faille être une grande gueule extrêmiste pour pouvoir dire des choses aussi évidentes que les ravages du gauchisme dans l'EN ou les effets pervers de l'assistanat.

Les femmes SDF :



La culture gauchiste :




Les jeunes cons :

lundi, septembre 10, 2007

Les subtilités de la langue française : le lexique politico-syndicale

La langue française est fort riche et recèle des finesses aussi inaccessibles à un étranger que la différence entre le Mont-d'Or et le vacherin.

Examinons le vocabulaire politico-syndical.

Il obéit à un grand principe : les mots y prennent un sens très différent, voire contraire, de leur sens dans le vocabulaire courant.

Prenons en titre d'aujourd'hui : les syndicats craignent que le gouvernement passe en force sur les régimes spéciaux de retraite.

Au premier abord, cette phrase paraît limpide au naïf. Il imagine des syndicats tremblants à l'idée que le pouvoir politique, par une loi inique, piétine le voeu populaire, déclenche des manifestations massives proches d'émeutes et sombre dans les dérives des violences policières.

Le naïf n'imaginerait pas que l'on parle là d'une mesure gouvernementale approuvée par la grande majorité des Français, qui n'est que simple justice, et à laquelle les syndicats sont préparés depuis des années puisque tout le monde savait que ça arriverait un jour.

Prenons un autre exemple : "En matière de réformes, le Président montre la voie." N'imaginez surtout pas Christophe Colomb sautant de la Santa Maria, drapeau claquant au vent. Ce titre signifie que le Président ne sait absolument pas où il est, où il veut aller et pourquoi. En attendant que, par un coup du sort, le brouillard se lève, il pérore et gesticule à destination des olibrius payés pour gloser sur ces moindres faits et gestes.

Encore un exemple : "Le gouvernement travaille." Cela ne veut pas seulement dire que le gouvernement turbine, plongé dans la masse de ses importantes affaires, car c'est la moindre des choses et ce n'est pas une information. Non, la signification véritable est que le gouvernement ne sait pas quoi faire, qu'il n'a donc pas d'annonce pour aujourd'hui et qu'il cache son désarroi sous une apparence de sérieux responsable, professionnel et paternel du plus bel effet. "Le gouvernement travaille" signifie donc "Le gouvernement est prêt à tout et bon à rien."

Maintenant que vous commencez à comprendre, un petit exercice facile de mise en application : expliquez en quelques lignes le véritable sens politico-syndical du mot "rupture".

jeudi, septembre 06, 2007

La défense française en danger ?

L'efficacité de l'armée française pourrait être menacée par les coupes budgétaires prévues par l'actuel gouvernement.

Et comme l'armée sert à la défense (je le rappelle pour les ignorants) et à la promotion de la politique française («Sans la menace de la force armée, la diplomatie n'est qu'aboiements de roquet.» Daniel Hélavi), c'est l'avenir de la France qui est engagé.

Nos gouvernants ont pu croire que les militaires, avec leur sens du devoir, suppléeraient grâce à des astuces et à de la bonne volonté les crédits, les personnels et les matériels manquants. Hélas, si il est bien un monde où la dure réalité s'impose et où les voeux pieux et effets de manche ne suffisent pas, c'est bien celui de la guerre.

La pensée stratégique française à l'épreuve des restrictions budgétaires


J'ai bien peur que l'armée française perde ses capacités : il y a des effets de seuil. Quand il manque 1 % de pièces détachées pour réparer un avion, on ne vole pas 1 % moins loin, on ne vole plus du tout. Et ainsi du reste.

Autre chose, je vous avais parlé du décès de Caroline Aigle, je ne savais pas qu'elle était enceinte et qu'elle a choisi de faire passer la vie de son enfant avant la sienne. L'enfant se porte bien et se nomme Gabriel.

La devise de l'armée de l'air est «Faire face».

Instruction : je me fous de l'égalité

Un article du Point débat du fait de savoir si les inégalités scolaires se sont aggravées.

Le sociologue Eric Maurin prétend que non. Mis à part que le mot «sociologue» suscite chez moi une grande méfiance, pour ne pas dire un profond scepticisme (autant vous le dire brutalement, mon premier mouvement est de ne pas croire Eric Maurin), je trouve que la question n'est pas pertinente : je préfère l'inégalité dans l'excellence que l'égalité dans la médiocrité.

En réalité, je ne m'en fous pas tant que ça : je considère que la formation, l'apprentissage, sont des activités devant lesquelles nous ne sommes pas tous égaux en talents et en qualités et que le seul moyen d'égaliser les résultats, c'est de ne plus rien exiger. C'est la politique actuelle.

Mais, si une politique d'exigence était de nouveau suivie, je m'attacherais à ce que tous bénéficient des mêmes droits et des mêmes chances.

mercredi, septembre 05, 2007

La croissance ne se décrète pas, mais ...

En France, nous attendons avec ferveur le retour de la croissance comme les peuplades primitives attendent la pluie ou le soleil.

Si vous évoquez qu'il est possible de faire autrement, on vous répond : La croissance ne se décrète pas.

Puis, de temps à autre, un homme politique montre son volontarisme, qui est une vertu d'idiot, puisque, dixit le Petit Robert, elle consiste à essayer d'imposer sa volonté en négligeant les réalités. Et, bien entendu, notre volontariste échoue.

La croissance ne se décrète pas, mais il est tout à fait possible de la favoriser en s'appuyant sur la réalité.

La méthode est même parfaitement connue car elle a maintenant été expérimentée avec succès dans une quinzaine de pays occidentaux. On sait qu'elle produit ses pleins effets au bout de dix ans environ.

Les conditions pour favoriser la croissance sont :

1) Une diminution des effectifs publics de l'ordre d'un tiers.

2) L'équilibre budgétaire et le désendettement de l'Etat.

Ces deux première mesures entraînent immanquablement une désétatisation et une déréglementation de la société.

3) Une fiscalité simple, juste et compréhensible. Par "juste", j'entends que l'Etat ne doit pas, par l'intermmédiaire de la fiscalité, se donner des missions qui ne sont pas les siennes (comme modifier la répartition des revenus). D'où la mode du taux d'imposition unique ("flat tax").

4) Un conditionnement des aides aux personnes en difficulté à une responsabilisation de leur part.

5) Une organisation de la recherche et de l'enseignement efficace, c'est-à-dire favorisant l'autonomie des établissements, suivie dans un investissement massif dans ces domaines.

Il n'y a aucun doute sur l'efficacité de ces mesures : ça marche, un pays est plus prospère avec que sans.

Mais vous aurez remarqué que chacun de ces points touche à un tabou français. Il est donc non seulement peu vraisemblable qu'ils soient tous mis en oeuvre, mais j'ai tendance à penser qu'aucun ne deviendra réalité.

Donc la croissance française va stagner, et ça n'aura rien à voir avec la pluie ou le beau temps.

Or, la différence entre 2 % de croissance et 4 % de croissance, sur 10 ans c'est 20 % de richesse en plus, sur 15 ans c'est 34 % de richesses en plus et sur 20 ans c'est 49 % de richesses en plus.

Nul besoin de chercher plus loin les causes du malaise français qu'on sent sous différentes formes : un pays qui stagne se porte moins bien qu'un pays qui prospère.

En attendant mieux, continuons à nous comporter comme une peuplade primitive.

lundi, septembre 03, 2007

La pensée restreinte

Ce texte a plusieurs années, mais mis à part quelques allusions circonstancielles qui ne sont plus d'actualité, je trouve qu'il conserve sa pertinence.

La pensée restreinte

Le bio en difficulté : je me marre

Le bio en difficulté qui fait appel à la chimie : je me marre, mais, alors là, je me marre ... Je sais, c'est un peu puéril, mais ça soulage, parce que, franchement, des fois, y en ras la casquette de tous ces cons qui nous expliquent que c'était mieux avant (1), qu'il faut faire confiance à Mère Nature, et que les inventions de l'homme sont méchantes, méchantes, méchantes ...

Alors, je me marre. Je me marre mais pas trop quand même : parce que ce n'est pas à Mère Nature que les cocus du bio vont réclamer des subventions, vous devinez bien à qui.

(1) : 'il faut vraiment ne rien connaître à rien pour croire que l'agriculture était mieux avant l'invention des produits chimiques, mais quand on est con, on est con.


La viticulture bio mise en échec par le mildiou et un été maussade
LE MONDE | 03.09.07 | 15h00 • Mis à jour le 03.09.07 | 15h00

empératures douces, pluies abondantes à partir de mai... les conditions météorologiques de 2007 ont fait apparaître dans les vignes, ainsi que sur les tomates et les pommes de terre, un mildiou particulièrement ravageur, que viticulteurs et maraîchers bio ont eu beaucoup de mal à maîtriser. Au point que certains ont dû se résigner, pour assurer leur revenu, à traiter leurs vignes contre ce champignon avec des produits chimiques de synthèse, une pratique strictement interdite par la réglementation européenne sur l'agriculture biologique, car elle pollue les sols.


En quinze ans, "je n'ai jamais, quelles que soient les difficultés, utilisé un produit qui ne soit biologique", a écrit, en juillet, un viticulteur dans une lettre ouverte au président d'Ecocert, l'organisme qui délivre les certificats d'agriculture biologique. En haut à gauche de sa missive, ce Bordelais bien connu pour son engagement pour la viticulture bio, a inscrit : "objet : retrait de la certification". Puis il informe que, "dans une situation aussi sensible, où l'éventualité d'une perte totale de récolte se posait directement, seule l'application d'un produit non autorisé (lui) permettait de sauver (sa) récolte". Sa décision est lourde de sens : sa production va être déclassée, et il lui faudra désormais trois ans, s'il le souhaite, pour convertir de nouveau son vignoble à l'agriculture biologique.

Selon Ecocert, quelques agriculteurs bio ("moins d'une dizaine"), uniquement des viticulteurs, se sont résignés à prendre cette douloureuse décision cet été, mais d'autres ont préféré perdre tout ou partie de leur récolte annuelle et rester en bio. "Beaucoup de gens nous ont alertés sur les attaques fongiques auxquelles ils étaient confrontés. Ceux qui ont traité juste au bon moment s'en sont sortis, pour les autres, les traitements utilisés en bio n'ont pas été efficaces", explique Antoine Faure, responsable de la certification chez Ecocert. L'organisme a décidé de réaliser 40 % de contrôles supplémentaires pour vérifier qu'il n'y avait pas eu, à son insu, de traitements chimiques dans les vignobles bio. Ceux qui cèdent à la tentation sont rares : une vingtaine de cas par an, sur 8 000 producteurs bio, précise M. Faure, ajoutant que les viticulteurs non bio "ont dû utiliser beaucoup de pesticides" pour cette récolte.

PAS DE TRAITEMENT CURATIF

Face aux attaques de mildiou, les agriculteurs bio ne peuvent avoir recours qu'aux moyens de lutte préventifs, et à aucun traitement curatif. Ils sont autorisés, selon la réglementation européenne, à utiliser quelques produits, principalement le sulfate de cuivre, plus communément appelé "bouillie bordelaise", avec lequel ils traitent fréquemment leur vigne, tout comme les viticulteurs conventionnels. Si le produit est naturel, il n'est pas totalement inoffensif : son utilisation en bio est donc limitée, afin de préserver la vie du sol, à 6 kilos de cuivre-métal par hectare, sur une moyenne de cinq ans. Cette année, beaucoup auront poussé jusqu'à 8, voire 10 kilos, traitant exceptionnellement chaque semaine en juillet et en août sans toujours que cela suffise à sauver leur récolte.

"Une fois que les taches sont là, la maladie est difficile à stopper en bio. On y a donc moins droit à l'erreur qu'en agriculture conventionnelle", explique Monique Jonis, chargée des fruits et légumes et de la viticulture à l'Institut technique de l'agriculture biologique (ITAB). "C'était particulièrement dur cette année", ajoute-t-elle, rappelant, que comme le mildiou est arrivé tardivement en Europe, au XIXe siècle, les cépages n'ont pas de moyens de défense naturels contre lui.

Certains viticulteurs bio réclament que l'accent soit mis davantage sur la recherche, et non seulement sur les normes et les contrôles, pour permettre à ceux qui font le choix d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement d'être moins démunis face au champignon. Sur 840 000 hectares de vignes en France, 20 000 ont été convertis au bio, un chiffre en progression de 40 % sur cinq ans.

La virulence du champignon, cette année, aura mis en exergue la technicité que demande ce mode de production. "Ce n'est pas une agriculture d'arrière-garde, bien au contraire. Ce sont les meilleurs en conventionnel qui se mettent en bio, car cela demande un professionnalisme qui n'est pas à la portée de tous", plaide Antoine Faure. Avec les traitements préventifs, la disponibilité doit aussi être supérieure : "J'ai été trop absent", raconte le président de la Fédération nationale de l'agriculture biologique, Henri Thépaut, maraîcher en Bretagne. "Ma production de pommes de terre de conservation sera égale à zéro, mais d'autres, plus présents et techniciens que moi, auront réussi à en faire tout de même", conclut-il.

dimanche, septembre 02, 2007

The peace (studies) racket

The peace (studies) racket

Cet article est radical, mais je suis d'accord. Citons :

George Orwell would have understood the attraction of privileged young people to the Peace Racket. “Turn-the-other-cheek pacifism,” he observed in 1941, “only flourishes among the more prosperous classes, or among workers who have in some way escaped from their own class. The real working class . . . are never really pacifist, because their life teaches them something different. To abjure violence it is necessary to have no experience of it.” If so many young Americans have grown up insulated from the realities that Vegetius and Sun Tzu (Si vis pacem, para bellum] elucidated centuries ago, and are therefore easy marks for the Peace Racket, it’s thanks to the success of the very things the Peace Racket despises above all—American capitalism and American military preparedness.

Orwell avait vraiment la liberté et l'anti-totalitarisme chevillés, non pas au corps, mais à l'intellect, ce qui est beaucoup plus intéressant.

Si nos imbéciles de gauche (et même nos imbéciles de droite) pouvaient lire Orwell, ça leur ferait le plus grand bien.

Sarkonaparte

J'ai voté Sarkozy, j'ai dit que je réservais mon jugement jusqu'à fin septembre, mais ce jugement, vous le sentez poindre :

Sarkonaparte

samedi, septembre 01, 2007

Rognons de veau flambés au cognac

Je ne peux pas toujours vous parler de choses graves (la cuisine, c'est sérieux mais pas grave). Voici mon «chef-d'oeuvre» de ce soir :

Maths 1920

Vous trouverez ci-dessous les programmes officiels de 1920 pour le primaire supérieur, c'est-à-dire l'équivalent de nos 5ème et 6ème (mais ce programme était souvent étudié en équivalent CM2, ce que reproche une instruction de 1923) :

Programmes officiels du 18 aout 1920


Vous remarquerez que les programmes tenaient sur une page. On était très loin de la diarrhée verbale actuelle. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et avec concision !

Si vous lisez attentivement la «Note pour la 1re, la 2e et la 3é année», vous ne serez pas étonnés que des bacheliers actuels ne soient plus capables de faire certains problèmes, notamment ceux nécessitant du calcul mental (1).

Je le sais : avec mon sadisme habituel, il m'arrive de poser subrepticement des questions ressemblantes aux bacheliers de l'aéroclub.

Mais les bacheliers de 2007 ont une excuse : ils n'ont que 18 ans alors que les élèves de primaire supérieur avaient 12 ans (et étaient sélectionnés par le certificat d'études, sauf si ce programme était étudié en CM2 à l'initiative de l'instituteur).

(1) : on n'a pas toujours une calculatrice sous la main (aux commandes d'un avion, par exemple !) et, surtout, raisonnement sans papier et calcul mental sont une saine gymnastique permettant de maîtriser concepts et ordres de grandeur.