mercredi, novembre 29, 2006

Y-a-t-il un mystère Ségolène ?

Le microcosme politico-médiatique français est une immense et très productive usine à conneries.

Aujourd'hui, la mode est de voir dans l'ascension de Ségolène Royal comme un mystère "électoral" fascinant.

Or, ça n'est en rien mystérieux : quand l'envie de maternage est si forte et la maternité si puissamment incarnée, il n'y a aucun mystère, la rencontre des deux est redoutable.

J'ai même la stratégie pour y faire face (à défaut d'avoir la tactique et les slogans) : ne pas essayer de faire concurrence sur le terrain de l'émotionnel et de l'humanité (c'est se placer sur le terrain de l'adversaire, ce qui est toujours une faute), jouer le rationnel, l'analyse, la vérité, le "je n'ai à vous offrir que du sang de la sueur et des larmes", la virilité, le détachement. Nicolas Sarkozy, ménageant le chou dirigiste et la chèvre libérale, est très mal parti.

Non, là où il y a un mystère Ségolène Royal, c'est dans ses capacités (ou ses incapacités).

Sa présidence de Poitou-Charentes et ses passages ministériels nous éclairent très peu et ce très peu n'est guère rassurant. Aujourd'hui, elle fait bien attention à ne pas laisser d'indices dans ce domaine.

Mais cette volonté d'évitement n'est déjà pas en soi bon signe.

Mais bah, Mitterrand, Chirac, Hitler, Mussolini n'ont pas été élus sur leurs compétences. (Un peu de provoc', juste pour le plaisir).

Les 300 jours de Verdun


Superbe livre. Le récit au jour le jour est illustré de la correspondance de combattants des deux camps et de très nombreuses photos. Seul regret, lae manque de plans, d'où une certaine désorientation.

Chacun y sera marqué par tel ou tel témoignage.

Par exemple, un infirmier français raconte qu'un blessé, avec un bandage à la tête répète de façon lancinante "Laissez moi dormir". Il lui enlève son bandage et une partie du cerveau lui coule dans les mains : il a le crâne défoncé. L'infirmier lui fait une piqure de morphine, et le laisse dormir, éternellement.

Je voudrais faire une réflexion un peu détachée mais qui nous ramène à l'actualité. Une thèse "politiquement correcte", rendue par le film ridicule Joyeux Noël voudrait que les soldats de la première guerre mondiale aient été forcés d'aller au combat contre leur gré (1). J'y voyais une thèse marxiste : la classe ouvrière et paysanne envoyée au massacre au moyen de méthodes atroces par la classe bourgeoise.

Mais je crois qu'il y a en fait quelque chose de plus actuel dont je ne m'étais pas assez avisé : à une époque où l'on réduit la démocratie au fait majoritaire, il devient insupportable de penser que la majorité peut se tromper, peut vouloir une guerre dévastatrice.

C'est d'autant plus comique, si l'on est adepte de l'humour noir, que cette thèse "politiquement correcte" vient de la gauche, des mêmes qui nous rebattent les oreilles du fascisme qu'ils croient voir à tous les coins de rue. Or, il y a une chose, parmi d'autres, que l'histoire des fascismes enseigne : que la majorité peut avoir tort.

(1) pour ceux qu'un tableau plus nuancé de la réalité intéresse : quand j'étais petit (ouh là, l'Antiquité ...), j'ai lu un bouquin, Ils étaient de leur village, paru en feuilleton dans la république du Centre, fait d'entretien avec des anciens du village de Josnes, en Beauce.

mardi, novembre 28, 2006

De la rude condition d'immigré

"Je ne suis pas d'ici. Donc je ferme ma gueule et je bosse."

Lino Ventura

J'ai déjà évoqué ce sujet, mais je soupçonne qu'il risque de revenir sur le tapis.

Autant je suis pour tous les droits de en faveur des immigrés (1), autant je suis contre les droits à.

Cette politique vis-à-vis des immigrés, où tout assistanat est proscrit, a été celle des USA lors des plus grandes vagues d'immigration et celle de La France jusqu'à, à peu près, la seconde guerre mondiale. Le slogan aurait pu en être "Aide-toi et le ciel t'aidera".

Pour rude qu'elle soit, elle présente plusieurs avantages :

1) Les immigrés sont forcés de s'intégrer ou de partir.

2) Ils ne peuvent rester que si ils sont économiquement performants.

L'assistanat actuel qui nous donne si bonne conscience, du moins à certains, est-il si efficace et si moral ?

En attendant que vous réfléchissiez à cette question, je vais vous raconter une histoire :

Je connais, bien contre mon gré, ce que les médias appelleraient pudiquement un "jeune issu de l'immigration en difficultés".

Décrivons le personnage : à 24 ans, il s'exprime avec cet accent et ce vocabulaire des banlieues si typique ; il n'exprime d'ailleurs pas grand'chose ; de culture, il n'a pas plus que d'idées.

Le travail ne passera pas par lui : il n'a jamais travaillé et il ne semble pas qu'il envisage de travailler jamais. Il vit chez ses parents dont il est le préféré (?) et attend le RMI. Et pour tromper son attente, il s'occupe à des trafics divers : "shit", scooters volés, portables "tombés du camion" et, sans doute, si l'occasion se présente, quelques "béhèmes" de passage.

Ses "activités" lui imposent des horaires décalés (il se lève vers les 15 h et se couche vers les 2-3 h) ; ce qui limite ses rapports sociaux en dehors du cercle de ses semblables. Ca n'est d'ailleurs pas plus mal, puisqu'en matière de rapports sociaux, il n'envisage que sa volonté et ses caprices libres, et qu'en cas de contrariété, aussi légère soit-elle, il dialogue avec ses poings.

En fait, il tombe très exactement dans la phrase de Le Pen qui n'est pas dans son cas, je le jure, une caricature : "L'ouvrier rentre chez lui harassé par le travail. Le jeune de banlieue a tout son temps pour faire un peu de musculation et sauter sa copine. Il est donc normal qu'il soit en pleine forme pour se battre avec la police."

Au fait, la police ? Il préfère l'éviter mais ne la craint pas outre mesure : il a déjà eu à faire avec elle sans conséquences trop pénibles.

Français de papiers, il dénigre tout ce qui est français, mais il n'est pas marocain.

Pense-t-il à prendre en main son destin pour sortir de cet état végétatif ? Nenni, s'il en est là, c'est la faute de la société. A-t-il de la fierté, de l'orgueil ? Nullement, il a juste de la susceptibilité, fort grande il est vrai.

Que sera-t-il à 30 ans ? 40 ans ? 50 ans ? Je l'ignore, mais je n'augure rien de bon, probablement un boulet vivant d'une manière ou d'une autre au crochet de la société.

Bien sûr, ce n'est qu'un individu, mais je suis bien prêt à parier qu'il n'est pas un cas isolé.

L'intégration ratée n'est pas tant la sienne, il est français de naissance, que celle de ses parents.

Je connais aussi des exemples d'intégration réussie, mais je me demande si on peut raisonner en termes arithmétiques : combien d'intégrations réussies pour compenser un fouteur de merde, unn parasite ?


(1) : il ne s'agit pas d'en revenir aux "ritalonades" du XIXème siècle.

lundi, novembre 27, 2006

Le papy-krach (Bernard Spitz)

Bernard Spitz, dans la lignée de ses livres sur l'étatisme français et ses méfaits, explique que l'alliance des retraités d'après-guerre et des baby-boomers a réussi, aux dépens des jeunes générations, actuelles et à naître dans les deux prochaines décennies, un hold-up d'importance historique.

Le constat n'est en lui-même plus à faire : seuls ne voient pas ceux qui s'obstinent, le plus souvent par intérêt bien compris, à ne pas voir et s'évadent dans des solutions qui n'en sont pas ("un autre monde est possible" et patati et patata).

L'un des points qui frappent le plus Spitz, et moi aussi, c'est que les jeunes depuis vingt ans se sont évertués à combattre contre leurs propres intérêts : voir défiler côte à côte un étudiant et un conducteur de train SNCF, c'est rencontrer la condamné solidaire de son bourreau.

Ceci étant dit, voici le scénario catastrophe que B. Spitz imagine, dont je ne sais si il est le plus probable, mais qui est celui qui prolonge les tendances actuelles.

Si nous suivons notre pente, les jeunes de 2030 (donc ceux qui naissent en ce moment) seront soumis à la triple peine :

1) Du fait de l'absence de réforme du système éducatif et de réforme de la fiscalité, pour éviter de bousculer les personnels et les habitudes, les jeunes les plus talentueux émigrent, pour étudier et pour travailler. Restent donc au pays ceux qui sont comparativement les moins qualifiés et donc les plus soumis à la pression des pays dits émergents.

2) Le fardeau du système de santé et du système de retraite pèse de plus en plus lourd sur des épaules de moins en moins nombreuses, de moins en moins qualifiées, pour servir des retraités de plus en plus nombreux et qui vivent de plus en plus longtemps.

3) Les jeunes en question souffrent non seulement pour servir le système de santé et de retraite de leurs parents mais sont de plus assurés que leur propre retraite et leur système de santé seront dégradés par le manque de moyens.

Comme le fol égoïsme des vieux que traduit ce scénario est difficilement supportable, même par un cégétiste cheminot (quoique ...), on comprend qu'on essaie de nous expliquer qu'un sou n'est pas vraiment un sou, qu'il n'y qu'à se servir dans la poche des riches, qu'il existe une autre logique et autres contes pour enfants.

Foutaises que tout cela ! Les solutions sont connues : reculer l'âge de la retraite et dévrouiller les monopoles étatiques, à commencer par le système éducatif. Chiche ?

vendredi, novembre 24, 2006

Une Europe en bout de course ?

J'ai encore piqué ça à Ludovic Monnerat. Cette thèse est pour moi une quasi-évidence pour des raisons démographiques et politiques.

L'histoire n'est cependant pas écrite et peut nous réserver des surprises ; et puis, il me restera toujours les USA, je ne détesterai pas vivre à New-York ou en Californie quand l'Europe sera devenue une république islamique plus ou moins déguisée.

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Une Europe en bout de course ?

Tel est le thème du dernier livre de Mark Steyn, dont un résumé est fourni par Daniel Pipes (traduit par Alain-Jean Mairet). On y retrouve les réflexions bien connues de l'éditorialiste canadien sous la forme d'une thèse brutale, la fin de l'Europe telle que nous la connaissons en raison de la colonisation islamique en cours :

En arrivant ainsi dans une période de faiblesse démographique, politique et culturelle, les Musulmans transforment profondément l’Europe. « L’Islam a la jeunesse et la volonté, l’Europe a l’âge et le bien-être. » En d’autres termes : « L’Islam pré-moderne prend le dessus sur le Christianisme postmoderne. » Steyn prédit carrément que la majeure partie du monde occidental « ne survivra pas au XXIe siècle et une grande partie, dont la plupart sinon la totalité des pays européens, disparaîtra pendant notre génération ». Et il ajoute, avec un accent dramatique encore plus prononcé, que nous assistons à « la fin du monde tel que nous le connaissons ».

Les prédictions de ce type sont évidemment une extrapolation de la situation actuelle, et partent du principe qu'aucune réaction n'aura lieu en Europe ces prochaines années et décennies. Une telle démarche joue donc un rôle-clef dans la prise de conscience des menaces futures...

jeudi, novembre 23, 2006

En relisant Hayek

Un petit rappel au fil d'une relecture : F. Hayek affirme que le libéralisme est la seule philosophie politique moderne. Sa pensée, fort riche, s'articule comme suit :

> Il existe deux types d'ordres pour une société : l'ordre construit et l'ordre spontané.

> L'ordre construit est celui qui est décidé par un entité humaine, planifié. Il est assez adapté à des sociétés archaïques dont le fonctionnement peut être envisagé comme simple et dont on peut espérer, souvent illusoirement, maîtriser les déterminants. Les promoteurs d'un ordre construit, étatistes, socialistes, marxistes, monarchistes, écologistes, sont regroupés par Hayek sous le terme de "constructivistes".

> L'ordre spontané est celui qui est généré par les interactions entre hommes à partir de principes et de règles fondamentales. Il est particulièrement adapté aux sociétés complexes, où la maîtrise est une illusion. Si les règles de bases sont bien choisies, on ne sait pas à quel résultat on aboutira, mais on peut pronostiquer qu'il garantira les droits fondamentaux de tous les hommes et donnera satisfaction à la plupart d'entre eux.

> L'ordre spontané est plus efficace que l'ordre construit. Ce n'est pas un pronostic, c'est un fait d'expérience : ces deux systèmes ont été suffisamment testés tout au long du vingtième siècle pour qu'il n'y ait plus aucune ambiguité sur la question.

Hayek récuse toute notion de "justice sociale", de "solidarité" obligatoire imposée par l'Etat comme des valeurs tribales utilisées à tort dans une société développée et masquant l'usage de la force étatique par des groupes de pression au mépris des droits élémentaires. (Par exemple, notre fameuse "solidarité" devant la maladie fait qu'un ouvrier cotise pour un cadre. En effet, le cadre, mieux informé et vivant plus longtemps, profite de la Sécu plus qu'il cotise alors que pour un ouvrier, c'est l'inverse)

> Pour expliquer cette différence d'efficacité, Hayek utilise la notion d'information. L'ordre construit suppose des être supérieurs, omniscients, capables de connaître parfaitement l'état de la société et parfaitement les conséquences de leurs décisions jusque dans les moindres détails. Ces êtres n'existent évidemment pas (sauf à l'ENA).

Pour entretenir néanmoins l'illusion de l'omniscience, on est obligé de simplifier considérablement le fonctionnement de la société, d'où le recours à la dictature totalitaire (et la fabrication de bottes de 5 kg en URSS à partir du jour où le Plan décidé de mesurer la production de bottes par la masse).

En réalité, la macro-économie n'existe pas, les "agrégats statistiques" chers à nos technocrates ne signifient rien car ils perdent trop d'information en route. Par contre, deux acteurs économiques interagissant font intervenir toute l'information dont ils disposent, rien n'est perdu.
Ainsi, l'agent immobilier qui "sent le marché" ou le menuisier qui a un certain tour de main disposent d'informations intraduisibles en statistiques.

En conséquence, l'ordre spontané, somme d'interactions où chacun fait intervenir toute l'information dont il dispose, est plus efficace que l'ordre construit, où tant est perdu.

> Un des porteurs d'information les plus puissants est le prix. Le marché est un mécanisme de découverte et le signal est le prix : j'introduis un produit, il plaît, il est désirable, utile, je le vends, je peux augmenter mon prix. Le prix est un signal d'utilité, de désirabilité, mais il est aussi un signal d'optimisation des ressources : certes, à tel prix, je vends tel produit, mais, vu ce qu'il me coûte à produire, est-ce bien la peine de le vendre à ce prix ? En d'autres termes, le prix permet d'arbitrer le rapport utilité-désirabilité / coût de production-utilisation des ressources (1).

On notera qu'Hayek a écrit tout cela bien avant qu'internet existe. Or internet ne fait que renforcer cette analyse : tous les comparateurs de prix, les sites d'enchères, etc. permettent à toujours plus d'acheteurs d'être en contact avec toujours plus de vendeurs en optimisant de plus en plus leurs transactions en connaissance de cause.

D'une manière générale, l'évolution des techniques, en ouvrant l'éventail des moyens mis à la disposition des individus, renforce la pertinence des analyses des libéraux (2). C'est un des éléments qui permettent à Hayek de dire que le libéralisme est la seule philosophie politique moderne. Les socialistes qui persistent à analyser la société en termes (avoués ou sous-entendus) de classes font peinent à voir.

> Hayek dès les années 50 insistait sur le danger qu'il y avait à ce que le respect de la démocratie dérive en culte du vote et du fait majoritaire. Quand on entend tout le barnum autour de Ségolène Royal par exemple, on ne peut qu'y penser : qu'a-t-elle pour elle aujourd'hui que d'avoir gagné une élection microcosmique ? Il rappelait qu'au-dessus de la volonté de la majorité, il y avait le respect des droits élémentaires et que la majorité n'était pas libre d'oppresser les minorités, thème très tocquevillien.

Enfin, comme la pensée et l'homme sont indissociables, qu'il me soit permis de signaler que Hayek était considéré comme modeste et charmant par tous ceux qui l'ont connu. Quand je me remémore l'ego surdimensionné de certaines stars du marxisme, je ne peux m'empêcher de voir dans cette différence un trait significatif jusque dans la philosophie.

(1) : C'est pourquoi, à condition de partir de règles et de droits de propriété clairs, les questions écologiques se résolvent d'elles-mêmes dans une économie de marché, puisqu'ils sont un exemple d'optimisation utilité/coût, sauf à ne regarder que le coté "utilisation des ressources" sans jamais se pencher sur le coté "utilité". C'est d'ailleurs à quoi tendent les écologistes radicaux : toujours regarder ce que cela coûte à la nature sans regarder ce que cela rapporte à l'homme ; en cela, ils sont cohérents avec le fondement constructiviste misanthrope de leur philosophie.

(2) : Les techniques modernes peuvent aussi être exploitées par les Etats pour surveiller et punir (cf la Chine), mais dans un cadre de droit où la liberté est garantie, elles favorisent l'épanouissement et la mise en oeuvre de cette liberté.

Suez-GDF : je me marre ...

La fusion Suez-GDF est gravement retardée, voire compromise, suite à une erreur de GDF dans la procédure d'information et de consultation du personnel.

Ceux qui connaissent le dossier trouvent cela lamentable mais ne sont pas particulièrement surpris : ils savent que JF Cirelli, patron de GDF, n'a pas la carrure du poste.

Alors pourquoi est-il à ce poste ?

J'ai oublié de vous dire : c'est un ancien conseiller de Jacques Chirac, qualification amplement suffisante à garantir vos capacités de PDG, comme l'a si bien prouvé Noël Forgeard.

mercredi, novembre 22, 2006

Help : bien élus pour mal gouverner

Nicolas et, bien plus encore, Ségolène me font penser à ce paradoxe de la politique : les qualités nécessaires pour être élu ne sont pas celles qu'il faut pour gouverner, elles peuvent mêmes être des défauts pour gouverner.

Qui a étudié et développé ce paradoxe démocratique ? Son nom m'échappe ; mais je suis sûr qu'un de mes intelligents lecteurs a la réponse.

lundi, novembre 20, 2006

Toujours la camarade Sainte Ségo

Une petite reprise du site de François Delpla. Je suis suffisamment souvent en désaccord avec lui, pour ne pas me priver de signaler les points d'accord :

La politique c’est la glèbe, c’est lourd, ça sent la sueur, le compromis minable et pour ceux mêmes qui prennent de la hauteur, qui la font au niveau du mythe, les Churchill, les de Gaulle, les Hitler même, c’est travaux forcés tous les jours et descente dans mille détails, comme les gammes du virtuose. Bosseuse Ségolène oui c’est sûr, mais sur sa propre image, longuement réglée devant le miroir et pour le reste, impro et culot [c'est l'avis unanime des nombreux qui ont travaillé avec elle ... Et l'ont quittée] Ce qui compte c’est la France dans la mondialisation, sa capacité à entraîner l’Europe (en n’étant pas seule à pousser de préférence) pour parler d’égal à égal avec les inquiétants mastodontes d’Asie et d’Amérique... et nous irions voter pour quelqu’un qui évite soigneusement le sujet ? Et au nom de son sexe ?

C'est très bien, cher François, mais, à moins d'en accuser le petit Nicolas, ce qui semble un peu gros, il faudra se demander comment on en arrive à cette défaillance intellectuelle qui consiste à présenter comme candidat du principal parti de gauche une image (presque d'Epinal).

Pour moi, l'explication est simple : c'est un symptôme de la plus vaste défaillance intellectuelle consistant à faire de l'Etat une mère (abusive) et du libéralisme, ultra, forcément utra, l'ennemi. Mais je me doute que ce n'est pas votre explication.

Ségolène Royal, la moderne antimoderne

Visiblement, je ne suis pas le seul à être très inquiet des accents profondément liberticides de la maldonne (comme dirait F. Delpla) du néo-socialisme à la française.

Je vous ai déjà répété au point de radoter cette réponse "royaliste" qui est une définition de société liberticide : ne croyez vous pas par vos propositions de faire une société trop surveillée ? "Non, pourvu que tout le monde reste à sa place."

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Ségolène Royal, la moderne antimoderne

LA CHRONIQUE (Le Figaro) d'Alain-Gérard Slama. Publié le 20 novembre 2006

La victoire sans partage de Ségolène Royal aux primaires organisées par François Hollande traduit la profonde transformation vécue par la société française, bien plus qu'un quelconque aggiornamento blairiste du socialisme à la française. Le Financial Times ne s'y est pas trompé, en notant, le 16 novembre dernier, que la candidate du PS, jugée à l'aune de ses projets, a « dix ans de retard » par rapport à l'hôte de Downing Street.

[...]

Mais si l'on regarde de près les « marqueurs » de la propagande de l'ancien ministre de l'Environnement, de l'Enseignement scolaire ou de la Famille, on constate qu'ils cherchent dans des solutions de proximité les réponses aux problèmes posés par l'intégration et la reconstruction du lien national. Aucun ne tend à rendre les citoyens plus responsables. Ils relèvent, pour la plupart, de la palabre communautaire - le blog - favorisée par la Toile et du « toujours prêt » secouriste, plutôt que de la solidarité et de l'intégration.


La pente de sa personnalité, influencée par les nouveaux théoriciens de la démocratie participative, incline Ségolène Royal à ne pas distinguer la sphère publique de la sphère privée, le politique du social, la prévention de la sanction, et à mettre en place un État à la fois transparent et s'occupant de tout, et d'autant plus liberticide qu'il sera plus faible. On ne trouve rien, dans ces orientations, qui marque une rupture avec la culture socialiste.


Chacun sent, en ce moment, que la France est sur le fil. Pour des raisons historiques, qui tiennent à sa forte tradition étatiste et au rôle central des aristocraties intellectuelles dans sa culture politique, elle est, de toutes les démocraties, celle qui réagit au choc de la mondialisation de la façon la plus sensible, et, par là même, la plus contradictoire.


Partagée entre, d'un côté, une fascination collective pour le « changement » qui a peu de précédents et, de l'autre, une menace de paupérisation qui touche, au-delà des chômeurs, au moins trois millions de personnes, la démocratie française peut aussi bien renouer avec un élan de modernisation exaltant les capacités de responsabilité et d'initiative de la société civile, que régresser vers une situation qui cumulerait les effets pervers de l'égalitarisme socialiste et de replis corporatistes et identitaires en totale contradiction avec l'esprit des Lumières [je penche pour cette deuxième hypothèse].


Si l'on en juge par les dynamiques de plus en plus perceptibles dans l'intense activité de remise en cause du « déclin » français, on pourrait même espérer que notre pays joue un rôle moteur dans la mise en place des solutions les mieux adaptées aux besoins actuels de l'Europe. Car il est le mieux placé pour tenir ensemble les fils de la modernité et les principes républicains.


La Grande-Bretagne et les Pays-Bas souffrent de l'échec de leur politique d'intégration. Les pays scandinaves résolvent leurs problèmes d'emploi au prix d'une normalisation des conduites sociales qui, pour être intériorisée, n'en est pas moins liberticide. Une voie royale s'ouvre à Nicolas Sarkozy, le « moderne » d'en face, s'il tire les leçons de ces expériences [ce que je ne crois pas qu'il fera. Je pense que nous sommes condamnés à boire jusqu'à la lie le calice de l'étatisme maternant, après quoi les composantes individualistes et libérales, voire libertaires, de la culture française finiront par reprendre le dessus, quand, comment, dans quelle mesure, je l'ignore. Peut-être sera-t-il trop tard pour que cela arrive de notre vivant, après tout, l'Espagne s'est bien endormie 400 ans.]

vendredi, novembre 17, 2006

La victoire de Ségolène au Pays des Merveilles

Comme je vous l'indiquais dans le message Le mystère Ségolène expliqué par un Américain, la force majeure de Ségolène Royal est de conforter les Français dans leur déni de réalité. Et l'on sait à quel point le déni de réalité est un moteur psychologique puissant, ce qui augure bien de la bataille présidentielle pour SR.

La politique a toujours supposé une part de mythe. C'est quand le mythe mange le cerveau que l'on dérape et que l'on en vient à considérer, contre toute réalité, par exemple, que tous les problèmes de l'Allemagne sont causés par la juiverie cosmopolite (1).



JM Bockel avait averti les socialistes en leur disant qu'à refuser d'accepter le libéralisme, ils se condamnaient à ne pas comprendre le monde et à rester impuissants. Ca y est, c'est fait : ils ont voté pour l'image, l'icone, plutôt que pour le discours, c'est dire qu'ils sont allés au bout de la vacuité intellectuelle qui caractérise le socialisme français.

Ce déni de réalité nécessite plusieurs conditions, dont une situation perçue comme mauvaise qui s'éternise et des politiciens qui contournent les réalités "parce qu'il ne faut pas le dire."

Vous comprenez que SR n'est pas ma tasse de thé, mais j'espère, si elle élue (il faudra faire avec), que dans son discours, où il y a à boire et à manger, elle choisira plutôt le coté méritocratique que le coté archéo-marxiste.



(1) : attribuer les problèmes de la France à l' "ultralibéralisme" n'est pas plus intelligent que de les attribuer aux juifs (il y a d'ailleurs une parenté entre les deux accusations), c'est seulement moins méchant.

mercredi, novembre 15, 2006

La madonne du néo-socialisme et le temps de travail des profs

Pauvre Ségolène : comme il sied à une personne ayant son légendaire courage, elle dit des choses en privé qu'elle refuse de répéter en public.

La question est de savoir si les profs devarient faire 35 h de présence dans leur établissement scolaire. Quelques remarques :

> quiconque connaît des profs sait qu'ils sont peut-être victimes, pour certains, du stress, mais certainement pas de la quantité de travail. Toutes les fariboles sur les "nombreuse heures de correction et de préparation des cours" sont à mourir de rire. Non pas qu'elles soient inexistantes, mais, d'une part, il n'est pas sûr que le tout fasse 35 h, d'autre part, pourquoi ne pas faire ces activités à l'école ?

> quand bien même les professeurs feraient 35 h hebdomadaires de présence à l'école, ils auraient encore des vacances longuissimes.

Un indice qui ne trompe pas : tous les profs que je connais ont un "hobby" (randonnée, photo, société d'histoire locale, édition de BD, etc.) auquel ils consacrent beaucoup de temps ; ce qui n'est pas vraiment le cas de beaucoup salariés du privé de ma connaissance.

Comme le temps consacré à la vie de famille ne me semble pas différent (à moins que les profs soient plus mauvais parents !), que le temps de sommeil doit être le même (les profs ne sont pas des surhommes), je suis bien obligé d'émettre l'hypothèse que c'est un temps de travail plus court qui permet aux profs de dégager plus de temps de loisir. Ce qui est évidemment un secret de polichinelle.

Bien sûr les profs hurlent au martyre social suivant l'axiome, plus vrai encore en France qu'ailleurs, que la victoire politique n'est pas liée à la justesse de la cause, mais à la puissance vocale et syndicale des parties en présence.

Est-ce pour autant une priorité de l'Education Nationale de faire travailler les profs plus longtemps ? Bien d'autres choses me paraissent plus importantes, pourtant ça ne pourrait pas faire de mal.

Reste à savoir ce que cela nous apprend sur Mme Royal. A vrai dire, pas grand'chose : juste une confirmation. Son texte, c'est du vent, mais la musique est plaisante.

jeudi, novembre 09, 2006

L'actualité vue par un ppetit Suisse

Toujours l'excellent site de Ludovic Monnerat :

8 novembre 2006

La fin annoncée du délire ?

Un commentaire sur les élections américaines : après des années passées à gloser sur "l'empire américain" et le "virage fascisant" pris par l'administration Bush, est-ce que certains commentateurs auront le courage et l'honneteté de souligner le caractère bien vivant de la démocratie américaine ? L'indépendance confirmée du pouvoir judiciaire et le basculement (encore partiel, à l'heure actuelle) du pouvoir législatif en rappellent l'évidence, meme si l'opposition majoritaire du 4e pouvoir, les médias, en restait une preuve vibrante. Il faut donc se réjouir de cette alternance, force essentielle des démocraties, et de la dimension critique qu'elle apporte, tout en espérant que le délire anti-américain et anti-Bush, stimulé par les frustrations de 2002 et 2004, commence enfin à se calmer...

30 octobre 2006

L'indéniable conflit intérieur

Le drame survenu ce week-end à Marseille, après l'attaque en règle d'un bus qui a grièvement blessé une jeune femme, a imposé le retour des violences urbaines sur les devants de la scène médiatique. A voir le niveau de violence qui est d'ailleurs considéré comme "calme" en France, on mesure d'ailleurs la volonté d'influencer les esprits qui sévit en la matière, et le refus d'accepter l'existence d'un conflit de très basse intensité sur le territoire de la République. Un conflit qui certes ne fait que quelques morts et des dégâts matériels pouvant être relativisés à l'échelle d'un pays moderne, mais dont le potentiel d'escalade reste une constante.
Pour les professionnels de la sécurité, en France, cette volonté de dissimuler l'ampleur des antagonismes contraste avec une réalité faite de guet-apens, d'attaques délibérées, qui transforme l'exercice de la loi et même du service public en un véritable combat. Les brefs aperçus des engagements nocturnes montrent que la structure même de la société française est rongée ça et là par une barbarie contre laquelle les mesures de prévention tant vantées sont depuis fort longtemps inadaptées. Et lorsque l'on parle encore de "provocations" qu'il s'agirait d'éviter de la part des forces de l'ordre, c'est que la réalité de ce conflit intérieur et des zones semi-permissives ou non permissives qu'il investit n'est, à mon humble avis, pas encore entrée dans les esprits des dirigeants français.

Pas de procès pour les erreurs de pilotage !

Suite à mon message Enfin une demi-bonne nouvelle , vous ne vous étonnerez pas de me trouver en plein accord avec le texte qui suit.

En tant que pilote du dimanche, je ressens ce qui est expliqué : non seulement, les tracasseries administratives sont pénibles, mais on doute qu'elles contribuent à la sécurité, voire on se demande parfois si en distrayant de l'essentiel, elles ne constituent pas un danger.

Voici exemple typique d'arbitrage entre danger administratif (ie amende et retrait de licence) et danger réel :

en vol à vue, on a le droit de voler au-dessus des nuages en perdant la vue du sol (VFR on top) si on respecte certaines conditions de visibilité et d'altitude posées par le réglement.

Il arrive que ces conditions ne soient pas remplies. Et malgré cela, la meilleure décision pour la sécurité peut être de passer au-dessus de la couche plutôt que de se faire tabasser sous un plafond bas.

Une fois posé, on pourra toujours vous dire : "Vous n'aviez qu'à faire demi-tour, ou vous poser sur un terrain de dégagement."

Ben voyons, c'est toujours plus facile une fois au sol de refaire l'histoire et de prendre la meilleure décision.

Mais comme l'explique l'article, le pilote est responsable de la sécurité, le réglement passe en dernier. Seulement, comment le pilote pourra-t-il prouver que son infraction lui a évité un accident qui, justement, n'est pas arrivé ? Le rond-de-cuir aura toujours beau jeu de prouver après coup qu'il existait une solution conciliant respect du réglement et sécurité.

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Pas de procès pour les erreurs de pilotage !

par Jean Paries
LE MONDE 09.11.06 13h25

Quatorze ans après l'accident, le verdict du procès du mont Sainte-Odile a été rendu. Les familles des victimes espéraient y trouver un soutien à leur deuil, par l'identification et la punition des responsables. Je n'ai pas qualité pour discuter de l'efficacité d'un tel mécanisme.

Mais, à mes yeux, le problème n'est pas le verdict, mais l'existence même du procès. En effet, si après l'accident, l'exigence que "justice soit faite" paraît compréhensible, avant l'accident, ce que demande surtout le citoyen, c'est de ne pas être victime.

L'enquête judiciaire profite-t-elle à la sécurité ? Qu'a-t-on appris sur l'accident au bout de ces quatorze ans qu'on ne savait pas au bout de deux ? J'ai assuré à l'époque la coordination technique de l'enquête dite "administrative" conduite par la France au titre de ses obligations internationales. Fruit du travail d'environ soixante experts sur deux ans, elle établit des faits incontournables, qui pour tout analyste de bonne foi amènent peu ou prou les mêmes hypothèses et conclusions. Elle a été approuvée dans le monde entier. Quelles chances avaient quelques experts judiciaires de découvrir une autre "vérité" ? Soyons clairs : aucune !

La seule justification d'une double enquête - mais elle est d'importance - est la non-pollution mutuelle. L'enquête administrative ne veut pas être distordue par ses conséquences judiciaires potentielles : elle a besoin que chacun parle sans (se) protéger.

L'enquête judiciaire ne peut pas faire confiance à des acteurs pour écrire l'histoire sur la base de laquelle elle jugera ces acteurs.

Lorsque j'ai rejoint le site du crash le soir de l'accident, le juge d'instruction m'a accueilli par ces mots : "Je vous préviens, nous ne recommencerons pas Habsheim." C'était le début d'une longue coexistence, pas toujours pacifique, entre deux objectifs et deux logiques différentes. Le président Monnier et le juge Guichard ont su trouver les principes d'une bonne intelligence.

La loi du 29 mars 1999 relative aux enquêtes sur les accidents aériens en a ensuite consolidé le cadre. Hélas, organiser la coexistence des enquêtes ne résout pas leur contradiction. Le cloisonnement est en partie fictif. Tous ceux qui pensent pouvoir être inquiétés par la justice se protégeront. Par effet d'influence, l'existence même d'une enquête pénale appauvrit l'enquête administrative.

Mais le pire dégât se produit avant l'accident, et d'abord sur l'exploitation des incidents. Il y a belle lurette que l'aviation ne se contente plus d'attendre ses catastrophes. Elle recherche systématiquement ses fragilités, traque les signes précurseurs dans son retour d'expérience. Or cela ne peut pas fonctionner si les efforts peuvent être versés à charge lors d'un procès pénal. "Vous saviez et vous n'avez rien fait !" [pour les béotiens, je signale l'existence du REC, le Recueil d'Evenements Confidentiel, qui permet d'exploiter les "presqu'accidents" en protégeant l'anonymat des acteurs]

Mais il y a plus insidieux. Dans tout système complexe, donc incertain, la gestion du risque suppose un principe de responsabilité des individus. On attend d'eux, à proportion de leurs compétences, une certaine intelligence de la situation et des conséquences de leurs actes, des jugements basés sur une éthique de la sécurité inscrite dans les valeurs profondes du métier. La pénalisation des défaillances prétend renforcer la conscience de ces responsabilités. Elle obtient exactement le contraire.

La priorité de chacun n'est plus de gérer le risque en conscience et professionnellement, mais de minimiser son risque personnel d'inculpation. La responsabilité intériorisée cède la place à la responsabilité devant le gendarme. La culture de sécurité est minée par des postures autoprotectrices, la précaution générale, la dissimulation, le "pas vu, pas pris". Et surtout par l'inflation de la règle.

[Tous les pilotes connaissent l'inflation réglementaire de la DGAC qui vire au ridicule : mieux vaut faire une connerie dans les rècles qu'improviser et sauver la situation. Bien sûr, comme l'administration se croit parfaite, elle ne peut pas imaginer qu'il est des situations où il est intelligent d'aller à l'encontre du réglement.]

Car comment justifier de son action, tant d'années après l'accident, face à des gens qui connaissent la fin du film, et bénéficient, sans même s'en rendre compte, d'un formidable biais rétrospectif et de connaissances nouvelles ? La quasi-totalité de l'incertitude qui prévalait dans le cours de la décision et de l'action ainsi balayée, la "bonne" action est a posteriori évidente.

Comment mieux se préparer à cet anachronisme, à cette défense impossible, qu'en (se) donnant l'illusion du contrôle total ? Alors on spécifie, on prescrit, on normalise. On écrit des règles qui, si elles étaient appliquées, garantiraient la sécurité, sans pouvoir se préoccuper de leur applicabilité ni de leur cohérence avec les autres contraintes. La peur de l'inculpation enfle le volume des référentiels. Parfois l'obéissance. Mais certainement pas l'efficacité des référentiels.

La pénalisation de l'accident tend ainsi à se nourrir elle-même. En partie appelée par les rêves de risque zéro, elle pousse l'industrie - qui ne demande souvent que ça - à se fabriquer le contexte illusoire d'un contrôle total, qui justifie à son tour la pénalisation (car dans ce monde linéaire, il faut nécessairement de grandes fautes pour faire de grandes catastrophes), et nourrit la montée des exigences déraisonnables de l'époque (car dans ce monde déterministe, il suffit d'être prudent et obéissant pour que l'accident disparaisse).

Nous ne sortirons pas du cercle vicieux sans une révolution culturelle et une (petite) réforme du droit pénal. La référence à la "maladresse", l'"inattention", et même dans bien des cas le "manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou les règlements" est dramatiquement simpliste face à la complexité des mécanismes de défaillance des grands systèmes modernes. Elle est totalement décalée par rapport à la pensée scientifique, et quasi inopérante pour penser et agir sur la sécurité. Son usage judiciaire y a des effets collatéraux dévastateurs. Et, honnêtement, quelle sorte de justice peut-on rendre en son nom ?

Il faut réduire le nombre des enquêtes pénales consécutives aux catastrophes aériennes (et plus généralement, industrielles) dans les pays comme la France, où le droit les prévoit systématiquement. C'est le sens d'un appel lancé en commun le 18 octobre dernier par quatre organismes spécialisés dans la sécurité aérienne. Il faut limiter les critères de déclenchement de l'enquête pénale aux présomptions de sabotage, de malveillance ou de grave négligence. Il existe déjà, hors du champ pénal, un grand nombre de mécanismes de sanction de la déviance ordinaire. Utilisons-les.

Mais, de grâce, arrêtons de croire, après celle des gifles sur les "fautes" d'orthographe, à la vertu des prétoires sur les erreurs de pilotage, au sens propre et figuré. C'est peut-être une croyance rassurante, mais on en meurt. Chaque seconde dans le monde, un avion décolle en offrant à ses passagers la meilleure sécurité moyenne de tous les modes de transport, parce que des millions de gens font à peu près bien leur travail. Non par peur de la prison, mais parce que leurs activités sont cadrées par un système social et technique qui fournit les guides, les ressources et les contraintes nécessaires. Laissons-lui les meilleures chances de progresser.

Jean Paries, PDG de Dédale SA, est ancien rapporteur général de la commission d'enquête sur l'accident du mont Sainte-Odile.

Ségolène Royal : qui a raison : Madonna ou Corneille ou André Kaspi ?


Voici ce que Madonna a dit de Ségolène Royal :

"Elle a de la classe [...] Le monde se porte mieux depuis qu'il y a plus de femmes au pouvoir. Une femme présidente en France, ce serait logique."

Tandis que Corneille (Pierre évidemment) a écrit dans Cinna :

"le pire des Etats, c'est l'Etat populaire"

Enfin, l'historien André Kaspi, à la question : "Est-ce qu'Hillary Clinton ne ressemble pas à Ségolène Royal ?", a répondu avec un demi-sourire sans ambiguité sur le sous-entendu :

"Hillary Clinton est très compétente."


Vous devinez bien de quel coté je penche.

Airbus : Gribouille à la rescousse. Sauve qui peut !


Dans les dépêches d'agences, on lit de ces choses :

Le premier ministre, Dominique de Villepin, a annoncé hier à l'Assemblée nationale qu'il se déplaçait mardi à Toulouse chez Airbus « pour trouver des solutions » aux difficultés de l'avionneur européen. Il a assuré que le gouvernement ne laisserait « tomber ni Airbus ni les salariés ». Cela n'empêche pas le groupe PS au Sénat d'exiger des comptes. Il a annoncé hier qu'il demandait la création d'une commission d'enquête sur « les raisons des retards de production et de livraison du groupe Airbus ».

Il ne pouvait rien arriver de pire à Airbus. J'imagine ça d'ici, DDV, hyper-compétent en matière d'industrialisation (il est énarque donc hyper-compétent en tout) « trouvant des solutions ».

Vous remarquerez ce vocabulaire délicieusement modeste, DDV ne cherche pas des solutions, il en trouve.

J'attends avec impatience une démonstration de riveteuse par notre grand con de premier ministre.

Et le PS va émettre son avis d'expert sur « les raisons des retards de production et de livraison du groupe Airbus ».

Les socialistes ne sont pas foutus d'assembler un programme électoral qui tienne la route et ils voudraient assembler un avion. Mon prochain voyage, je prends le bateau (pas le train, on y est à la merci de staliniens).

Airbus se languit, se meurt peut-être, du mélange empoisonné de politique et d'industrie. Et dans leur grande sagesse, nos politiciens de tous bords feignent de croire, ou -pire- croient vraiment, que more of the same résoudra les difficultés dont ils sont la source.

On en revient à deux citations que j'ai hélas trop d'occasions d'utiliser à propos des maux de la France :

Bossuet : « Le Ciel se rit des prières qu'on Lui fait pour écarter de soi des maux dont on persiste à vouloir les causes. »

Einstein : « Il ne faut pas espérer résoudre des problèmes avec ceux qui les ont créés. »

Deux citations d'évidence, me direz-vous ? Hé bien, ça me prouve que vous n'êtes pas énarque !

Un énarque n'envisage pas qu'il puisse être la source d'un problème. Jamais nous ne verrons DDV ou JC déclarer : « Excusez nous, les gars, on a merdé, on s'est mêlé d'un truc auquel on connaissait que dalle et on a foutu un boxon pas possible. Promis, craché, juré, on n'y touche plus. »

Pourquoi est-ce impossible ? Parce que si ils ne s'occupaient que des domaines où ils sont compétents, ils ne s'occuperaient plus de grand'chose et, horreur, angoisse, flatulence du Très-Haut, perdraient du pouvoir.

Si EADS et Airbus s'en sortent, ce que j'espère de tout coeur, ça sera malgré les politiciens, et non pas grâce à eux.

JL Crémieux-Brilhac écrit, dans Les Français de l'an 40, à propos de l'industrie d'avant-guerre, que « le pays mit une espèce de fureur d'irrationalité à ne pas tirer le meilleur parti de ses ressources limitées. »

Je ne puis m'empêcher d'appliquer ce propos à la France de 2006 : nos ressources limitées en hommes, nous les gaspillons en chomage ; nos ressources limitées en finances, nous les dissipons en inefficacité étatique. Mais, c'est aussi net dans des cas particuliers comme celui d'Airbus : quelle était la rationalité de perturber la fermeture nécessaire de la Sogerma ? Quelle était l'urgence de provoquer une guerre interne pour le simple bonheur de donner satisfaction aux ambitions personnelles d'un ex-conseiller de Chirac ?

Espérons qu'EADS et Airbus reposent sur des bases suffisamment solides pour laisser passer la tempête, ce gaspillage et ces perturbations. Pour l'instant, je n'ai guère de raisons d'être optimiste.

Les raisons d'être optimiste viendront, si elles viennent, dans un an ou deux : organisation basée sur les compétences et non sur la nationalité, A 380 qui se vend, programmes A400M et A350 se déroulant bien.

Rassurons nous tout de même. Les hommes d'Airbus ont su commercialiser, concevoir et produire de très bons avions. Le coup de patte ne doit pas être totalement perdu.

Libé, journal bobo : les socialos sont des rigolos

A propos du journal Libération au bord de la faillite, florilège de conneries :

Jean-Marc Ayrault :

"La disparition de Libération serait un jour noir pour le mouvement des idées dans notre pays."

Propos un rien outré, non ? Bien des journaux ont disparu sans que les idées disparaissent dans notre pays. D'ailleurs, il faudrait qu'on m'explique ce que Libération, toujours en retard d'une avant-garde mais toujours en avance d'une mode bobo, apporte à la vie des idées.

Arnaud Montebourg :

"Comme par hasard, un projet qui cherche à sauver le journal en affichant une ligne éditoriale de gauche, ouvertement anti-Sarkozy, et en garantissant l'indépendance rédactionnelle, ne trouve pas d'argent."

Naïf que je suis, je croyais que le journal ne trouvait pas d'argent parce qu'il mangeait la grenouille. Mais non, ce sont d'ignobles capitalistes qui se refusent à investir dans un journal florissant, au mépris de leurs intérêts, pour défendre Nicolas Sarkozy. Chapeau bas, messieurs, devant tant d'altruisme !

Anne Hidalgo :

Elle propose de "réfléchir à un plafonnement des recettes publicitaires de la presse gratuite".

Au nom de quoi ? Pourquoi ? Gagner sa vie est infamant quand on n'est pas de gauche ? Seuls les journaux de gauche ont le droit de gagner leur vie et d'être lus ?

Elle ajoute "une refonte des aides à la presse, de façon qu'elles aillent en priorité à des journaux réellement indépendants et qui permettent de faire vivre le pluralisme".

Ainsi, être propriété d'un marchand (d'armes ou d'autre chose), c'est être prisonnier, dépendant.

Mais être subventionné à fonds perdus par l'Etat, à la merci de l'humeur d'un ministre, c'est être indépendant. Curieuse conception de l'indépendance, qui passionnera les contribuables mis à l'amende. J'imagine la tête d'un lecteur de Minute qui saura qu'il participe malgré lui à sauver Libé.

D'ailleurs, si Minute était au bord de la faillite, je ne doute pas que ces belles âmes se battraient aussi fort pour sauver "l'indépendance" et le "pluralisme" de la presse française.

Ceux qui appellent à profiter de l'Etat pour leurs intérêts particuliers (car, Ben Hur, arrête ton char, la presse française peut se passer de Libé, seuls quelques socialos à la gomme ne peuvent pas) vérifient un fois de plus Bastiat : "L'Etat est une fiction à travers laquelle tout le monde essaie de prendre de l'argent à tout le monde."

Les socialistes, puisqu'il s'agit là de leur conception fondamentale de la vie en société, excelle à ce jeu, mais les conservateurs ne sont pas mal non plus.

Comme cette mentalité de voleur, même mondain, même énarque, ne me plaît pas, je propose une autre solution : que ceux qui ont envie de sauver Libé cassent leur cochon-tirelire (rose) et en achètent des parts, c'est légal, c'est moral et ça n'augmente pas les impots de tous ceux (dont je suis) qui se contrefoutent de l'avenir de Libé (et de Minute) comme de leur premier J'aime lire.

Pourquoi les français haïssent leur économie ?

Comme l'auteur de l'article ci-dessous, extrait des Echos, je vois mal de qui peut venir le sursaut.

En effet, les choses étant ce qu'elles sont, le sursaut viendrait très probablement d'un Président de la République, or je ne connais aucun des candidats potentiels alliant les deux qualités requises :

> capacité manoeuvrière

> vision stratégique intelligente ie libérale (les idéees des socialistes et des souverainistes nous enfoceraient encore plus)

Nicolas Sarkozy se rapprocherait le plus mais de très loin, il a encore beaucoup à prouver en matière de cohérence.

Bref, sursaut en 2012 ou 2017 ?

LE GRAND DIVORCE. POURQUOI LES FRANÇAIS HAÏSSENT LEUR ÉCONOMIE

Pourquoi les Français haïssent leur économie ? Michel Turin n'y va pas par quatre chemins pour nous répondre : les Français n'aiment pas leur entreprise, la Bourse, l'argent (des autres), parce que les syndicats parlent toujours du « grand soir », que les politiques n'aident pas vraiment, que des abus ont lieu dans la communauté financière, avec sa large part d'énarques, parce que les enseignants sont hostiles et/ou peu compétents, les journalistes pas mieux, les prêtres pareil, les intellectuels itou, les structures non capitalistes florissantes, Colbert toujours là, les jacobins au mieux de leur forme et que tout ceci entre dans une « reproduction simple » à la Marx version Bourdieu. Vient le temps où il faut payer le prix de cette sarabande et l'addition est salée : peu de croissance mais des déficits, peu de PME mais des fonctionnaires, peu de fonds de pension mais des fortunes qui vont à l'étranger. Le livre de Michel Turin, le responsable du service patrimoine des « Echos week-end », est clair, précis, documenté, courageux en attaquant certaines vedettes de notre temps en politique, finance ou économie. Il fourmille d'informations pour étayer le dossier de ce grand divorce. On comprend que l'analyse est à charge et on sera à 90 % d'accord.

Pourquoi ce pourcentage ? Réponse : pour en sortir ! Le lecteur se demande en effet comment tout ceci va évoluer : vers un plus grand divorce, au sein d'une Europe qui fonctionne à l'envers de cette logique, ou bien par un retour au foyer ?

Les bases du sursaut


On comprend que plus le temps passe, plus il sera dévasté, mais on ne voit pas les raisons du revirement. Volontairement, l'auteur ne parle pas des candidats à la présidentielle. Mais on imagine qu'ils ont dû se reconnaître en énarque(s), « politique(s) », gauchiste(s) ou antilibéraux de gauche ou de droite... La pente est plutôt mal inclinée : faudra-t-il une grande crise ? Mais laquelle, mais comment ? La tendance semble plutôt au « dernier village gallo-soviétique » selon l'auteur, et les ingrédients réunis pour compléter l'étrange localité. Si vient la crise, on imagine les années de réformation qu'il faudra mener, avec un chef à la hauteur. La question est donc celle des bases du sursaut : l'amour du pays, nous dit Michel Turin au dernier mot du livre, encore faudra-t-il avoir le courage de cet amour. Ne désespérons pas, car le système coopératif décrié n'est au fond pas si antimarché que cela, les jeunes plus concrets qu'on ne le pense, les enseignants souvent conscients de l'impasse dans laquelle ils sont. Et, avec ce livre, le thème de la rupture est (bien) lancé.

JEAN-PAUL BETBÈZE professeur à l'université Paris-Panthéon-Assas

mercredi, novembre 08, 2006

Le réchauffisme dans Les Echos

Le texte suivant extrait d'une tribune des Echos peut passer pour une synthèse de tout ce que je vous ai déjà raconté sur ce blog à propos du réchauffisme. J'aime bien la citation finale de JF Revel.

Réchauffement ou échauffement des esprits

Sarko l'écolo

Délicieuse tribune de Nicolas Sarkozy dans Le Figaro. Que propose-t-il ? Des impôts écologistes, certes avec tant de prudence qu'on peut espérer que ça sera une promesse de campagne oubliée aussitôt qu'il sera élu.

Cependant, c'est suffisant pour éveiller en moi une envie de moquerie : voici le candidat auto-proclamé de la rupture prêt à prendre tous les trains, à suivre toutes les modes, à courir en tous sens tel un poulet décapité.

Mais j'ai tort de me moquer : Ségolène et Nicolas font une course au ridicule (honneur aux dames : Mme Royal a pour l'instant une longueur d'avance) et ça marche, au moins jusqu'à maintenant.

D'après un sondage (on fait avec ce qu'on a), la majorité des "sympathisants socialistes" considérerait la madonne du néo-socialisme comme la plus crédible en matière internationale. On aura vraiment tout vu ! Je ne vois qu'une explication : le mystère de la foi, les voies du Socialisme sont impénétrables.

Les Bienveillantes

Il s'agit de ce roman racontant la vie et les réflexions d'un bourreau nazi. Il est encensé par les critiques et vient d'ontenir le prix Goncourt.

Je l'ai acheté, c'est vite fait un clic sur Amazon. Mais je ne l'ai pas lu, j'ai été retenu par un scrupule, et je ne le lirai pas.

Les raisons en sont parfaitement expliquées dans l'article suivant par quelqu'un qui lui l'a lu :

Les Bienveillantes, un canular déplacé

Etrange société que la nôtre ! Prête à s'offusquer et à tomber dans l'intolérance totale pour des crimes mineurs, par exemple des insultes racistes, homophobes ou misogynes, mais freinée par nulle décence quand il s'agit de faire un triomphe à un texte malvenu, pourvu qu'il soit voyeuriste ou exhibitionniste.

mardi, novembre 07, 2006

Bientôt le pétrole à 20 $ le baril ?

Non, je ne me suis pas trompé d'un zéro.

En effet, le pétrole n'est pas une substance magique.

Il est négocié sur des marchés mondiaux, son prix obéit à la loi de l'offre et de la demande, spéculation comprise.

Simplement, il faut prendre en compte que les investissements sont énormes et les délais très longs.

Les décisions d'aujourd'hui auront des conséquences dans quelques années.

Les phases de baisse et de hausse sont parfaitement connues (même si il y a des exceptions, qui comme toujours, confirment la règle) :

> Le mécanisme de hausse : prix bas aujourd'hui => pas d'investissements pétroliers et croissance mondiale facilitée => quelques années plus tard, offre limitée et demande accrue => hausse des prix pétroliers

> Le mécanisme de baisse : prix hauts aujourd'hui => investissements pétroliers massifs et croissance mondiale entravée => quelques années plus tard, offre abondante et demande limitée => baisse des prix pétroliers.

Comme l'offre et la demande se rééquilibrent lentement, les mouvements, à la hausse comme à la baisse, sont longs et profonds et donnent à penser qu'ils sont irréversibles. Les mêmes qui nous promettaient un baril à 10 $ il y a dix ans nous promettent aujourd'hui un baril à 200 $.

De nombreux signes laissent à penser que nous sommes à la fin d'un cycle de hausse, auquel cas il n'est pas idiot d'envisager un baril à 20 $ dans quelques années.

Bien sûr, le pétrole étant une ressource finie (1), son extraction passera nécessairement par un maximum après quoi il y aura décroissance jusqu'à zéro. Les prix augmenteront alors, à moins qu'à cette époque, nous ayons appris à nous passer de pétrole.

Jusqu'à ce que ce maximum d'extraction soit atteint, il n'y a aucune raison que le prix du pétrole soit tendanciellement à la hausse, la course entre offre et demande continuant avec chacun des deux compétiteurs en tête à tour de rôle, sans limitation ni pour l'un ni pour l'autre.

Mais avons nous déjà atteint ce maximum ? Certains le croient. Je n'en sais fichtre rien.

De plus, même si l'offre de pétrole diminuait, la course entre offre et demande ne serait pas terminée : il "suffirait" qu'un produit de substitution s'impose pour que la demande chute plus vite que l'offre et que la tendance longue soit baissière. C'est même l'hypothèse la plus probable à long terme : on apprendra bien un jour à se passer du pétrole.

Cependant, même si nous étions entrés dans la période longue de hausse tendancielle des prix pétroliers, cela n'empêcheraient pas les réactions à la baisse sur de plus courtes périodes, du fait des décalages temporels entre variations de l'offre et variations de la demande.

C'est pourquoi je vous fais part sans trop d'inquiétude de mon hypothèse de prix pétroliers nettement plus bas qu'aujourd'hui, mais ma boule de cristal n'est pas assez performante pour vous dire exactement quand et combien. Dommage, il y aurait une fortune à faire !

Bon évidemment, il s'agit là de mécanismes élémentaires dans une économie de marché, mais, justement, il m'avait semblé comprendre que les Français ne sont pas très familiers de l'économie libre, d'où ce rappel !


(1) : il y a tout de même des gens qui font l'hypothèse que le pétrole serait généré continument par la pression et la température des entrailles de la terre, auquel cas il serait en quantité quasi-infinie à l'échelle humaine. Ca paraît assez farfelu.

Enfin une demi-bonne nouvelle

Crash du mont Sainte-Odile : le tribunal correctionnel de Colmar prononce une relaxe générale

Le président du tribunal, Pierre Wagner, a estimé, mardi, que les prévenus - cinq anciens cadres de l'aéronautique et un contrôleur aérien - n'avaient "pas commis de faute pénale", aucune "faute caractérisée" n'ayant été relevée à leur encontre. Le procureur de la République avait pourtant estimé que l'accident de l'Airbus A320 d'Air Inter, qui avait fait 87 morts le 20 janvier 1992, en Alsace, était dû à "un enchaînement de causes" liées à des "fautes caractérisées". (Avec AFP)

Pourquoi je considère que c'est une bonne nouvelle ? Parce qu'il est bien qu'un tribunal ne trouve pas forcément des coupables. Mais enfin, Airbus et Air France sont condamnés au civil et devront payer des indemnités.

La "judiciarisation" de la vie en communauté a ses cotés ridicules, mais, au fond, tout le monde a le droit de faire un procès. Par contre, et c'est heureux, il n'est écrit nulle part que tout le monde a le droit d'être dédommagé des malheurs de la vie et de considérer que le responsable, forcément coupable, c'est toujours quelqu'un d'autre que soi.

Ma foi, prendre l'avion est un risque parmi d'autres, et, oui, il arrive qu'un avion tombe sans qu'il y ait un coupable.

lundi, novembre 06, 2006

20 % de chômeurs en France

Je trouve l'article de Jacques Marseille plein de vérité, mais allez donc expliquer à un fonctionnaire que la surprotection dont il jouit, et l'inefficacité étatique qui en découle, provoque la précarité des exposés. Il ne vous écoutera même pas.

Il ne faut donc pas essayer de convaincre, c'est inutile, mais agir.

Ainsi, réduire les effectifs de fonctionnaires en redistribuant aux restants une partie des gains ainsi obtenus ne nécessite aucune explication, aucune discussion ésotérique sur les causes du chomage et sur les méfaits et les bienfaits comparés du libéralisme et du soviétisme.

20 % de chômeurs en France

Jacques Marseille

A la veille de l'élection présidentielle de 2007, il est fort probable que le taux de chômage en France ne sera plus que de 8,6 % de la population active, peut-être même moins. Est-ce pour autant que le pari de Dominique de Villepin et de Jean-Louis Borloo aura été gagné et que la France aura presque rejoint à cette date le peloton des pays qui ont su réduire ce fléau ? Rien n'est moins sûr, tant l'indicateur utilisé pour mesurer cette performance convient mal aux structures de l'emploi et aux spécificités du « modèle social » français.

Certes, apparemment, la mesure du chômage selon la définition qu'a proposée le Bureau international du travail est la même dans tous les pays de l'OCDE, sauf qu'aucun pays de l'OCDE n'a un pourcentage de personnels à statut protégé aussi fort que celui de la France.

Ainsi, sur les 22 millions d'emplois salariés que compte le pays, il faut soustraire tous les emplois qui ne sont soumis à aucun risque de chômage : les effectifs des agents de l'Etat et ceux des établissements publics nationaux (SNCF, RATP, Banque de France...), les effectifs de la fonction publique territoriale et ceux des établissements de santé. On arrive ainsi à environ 15 millions d'emplois salariés marchands. Et encore en comptant large, car ce chiffre inclut les employés des banques et des groupes d'assurances mutualistes ou encore des organismes paritaires comme la Sécurité sociale, où le risque de perdre son emploi est pratiquement nul.

Considérons donc malgré tout que 15 millions de salariés en France peuvent être au chômage.
Par ailleurs, aux 2 310 000 demandeurs d'emploi recensés à la fin de l'année 2005, il faudrait aussi ajouter une partie des bénéficiaires du RMI qui, retirés des statistiques du chômage dans la mesure où ils sont en fin de droits, sont toutefois des Français supposés en recherche d'« insertion » par le travail.

En fin de compte, on arrive à un taux de chômage effectif de 20 % (3 millions sur 15 millions) de ceux qui, à des degrés divers, craignent pour leur emploi. Un taux qu'il faudrait ensuite comparer à ceux des pays où le nombre de fonctionnaires et d'emplois protégés est bien plus faible qu'en France. Ainsi, au Royaume-Uni ou en Allemagne, le pourcentage de fonctionnaires avoisine seulement 15 % de la population active. Un simple calcul permet de comprendre la différence. Sur les 28,5 millions d'emplois salariés que compte le Royaume-Uni, on recense 4,5 millions de fonctionnaires et assimilés. Le dernier taux de chômage officiel, soit 5,4 % (de 28,5 millions), est en fait de 6,4 % (1,5 million de demandeurs d'emploi sur 24 millions d'emplois « à risque »). Même si, comme en Suède, on ajoute à ces chômeurs les adultes « handicapés » exclus des statistiques du chômage, on mesure le formidable écart entre nos deux pays : un écart qui n'est pas de 5,4 % à 8,6 % mais de 6,4 % à 20 %.

Un taux qui reflète mieux que l'indicateur officiel l'anxiété d'une population qui, à l'encontre des producteurs officiels de statistiques, mesure l'emprise du risque sur son existence. Une enquête menée en 2001 par le Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) avait ainsi révélé que 34 % des Françaises et des Français avaient connu le chômage au cours des dix dernières années contre 25 %... seulement (!) en 1988. Encore fallait-il ajouter que l'enquête portait sur l'ensemble des Français de plus de 18 ans, y compris les étudiants, les inactifs et les retraités qui, par définition, sont loin du chômage. Si l'enquête avait porté sur les seuls actifs « à risque », le nombre de personnes concernées aurait été encore plus important. D'ailleurs, à cette autre question posée par le Cevipof (Centre d'étude de la vie politique française) : « Dans le passé, depuis la fin de vos études ou de l'école, avez-vous déjà été vous-même au chômage ? » 53 % des femmes actives et 46 % des hommes avaient répondu avoir connu, à un moment ou à un autre, le chômage.

Des chiffres qui amènent à relativiser sérieusement les taux de chômage qu'on nous annonce aujourd'hui et qui mesurent l'emprise de ce fléau dans une société duale, où les plus bruyants et les plus revendicatifs sont souvent les mieux protégés, et les plus silencieux, tous ces chômeurs de l'ombre qui échappent aux définitions officielles.

Autant dire surtout que, pour s'attaquer au cancer qui ronge notre société depuis maintenant plus de vingt-cinq ans, mieux vaut affiner les statistiques que brandir comme des bulletins de victoire des baisses de virgules qui sont autant de contes à dormir debout.

© le point 02/11/06 - N°1781 - Page 99 - 765 mots

Le mystère Ségolène expliqué par un Américain

La popularité de Ségolène Royal paraît être une bulle médiatique que rien n'arrive pourtant à percer.

Un journaliste américain dont je n'ai pas retenu le nom en donne l'explication suivante :

> les Français se sont enfermés et ont été enfermés par leurs politiciens dans une bulle d'irréalité, faites de mensonges sur la mondialisation, l'Etat-providence et l'Europe. Cela finit par susciter le syndrome de l'Etat maternant, la Big Mother, où, plutôt que d'affronter les difficultés du monde, on pourrait (illusoirement) se réfugier dans un (vain) protectionnisme étatique.

Ségolène Royal n'est, par son image comme par son discours, que cette illusion maternante personnifiée. Ségolène Royal, en faisant croire que l'expérience et la compétence comptent pour rien, prolonge cette bulle maternelle qui négligerait l'extérieur, le monde.

Pour percer la bulle Ségolène, il faudrait donc percer la bulle des illusions maternelles régressives des Français, ce qu'aucun socialiste ne fera, et peut-être Sarkozy non plus.

Comme je le disais, les adversaires de Ségolène Royal possèdent une arme toute-puissante qu'ils ont, hélas, renoncé par avance à utiliser : la vérité.

C'est pourquoi je crois de plus en plus à la possible victoire de Ségolène Royal. Louis Mexandeau a écrit que, dans ce cas, on entrerait dans une période noire du socialisme français, dérivant comme dans les années 20-30, vers le social-nationalisme.

Et ça serait une période rose pour la France ?

dimanche, novembre 05, 2006

Et si nos gouvernants n'étaient pas si bêtes ? (2)

Comme le réchauffisme est à la mode, tout le monde en parle, voici un texte de Nigel Lawson, je vous le résume pour les non-anglophones :


THE ECONOMICS AND POLITICS OF CLIMATE CHANGE : AN APPEAL TO REASON

> la réalité du réchauffement climatique est sujet à débat (j'ajoute que la notion même de climat global est contestable).

> en admettant que le réchauffement soit réel, la contribution d'origine humaine est difficile à évaluer.

> or, le coût de la diminution des rejets de C02 est gigantesque.Vu l'incertitude autour du réchauffement climatique, il est idiot de faire d'énormes efforts sur des bases aussi incertaines.

> la démarche la plus rationnelle consiste donc à pallier les conséquences néfastes du réchauffement climatique si il arrive et quelles qu'en soient les causes. En effet, réagir plutôt qu'anticiper présente plusieurs avantages :

>> résoudre le problème des incertitudes sur la réalité et sur les causes : on ne réagira que si le réchauffement arrive, que les causes soient humaines ou non, et que là où c'est nécessaire.

>> garder les conséquences positives de l'éventuel réchauffement (bien sûr qu'il y en aura)

>> permettre d'aider les pays du tiers-monde, alors qu'une récession mondiale engendrée par les efforts de diminution du CO2 toucherait d'abord les pays pauvres.

La question du réchauffement climatique étant réglée rationnellement, on est bien obligé de constater que les solutions proposées par les partisans du réchauffisme sont très éloignées de la rationalité.

Le réchauffisme a en réalité un caractère religieux net, religion dont les prêtres se font payer en notoriété (N. Hulot), en pouvoir (J. Bové, T. Blair, A. Gore) ou en crédits de recherche.

Les religions ne sont pas condamnables en soi tant qu'elles laissent l'incroyant en paix. Elles tendent quelquefois à paraître un rien ridicules à l'agnostique, mais ce n'est pas très grave.

Cependant, le réchauffisme recèle trois risques, par ordre croissant de profondeur :

> l'incitation à de mauvaises mesures (exemple type : le protocole de Kytoto)

> l'antilibéralisme, alors que l'on sait bien que la libéralisation des échanges fait la richesse des nations et des hommes.

> l'irrationalisme, c'est-à-dire le contraire de tout ce qui a fait le progrès depuis quatre siècles.

Pourquoi aucune manifestation pour Mama Galledou ?

Mama Galledou est cette jeune femme brulée à 70 % dans un bus par des vandales. Elle a eu droit à une manifestation silencieuse qui n'a pas fait de bruit (désolé pour le calembour).

Quand deux crétins en situation louche s'électrocutent en fuyant la police, c'est le branle-bas de combat, la République en danger, les footballeurs et les stars se déplacent et tout et tout.

Pourquoi cette différence de traitement ?

J'y vois bien sûr une faillite morale. Mais pourquoi cette faillite morale ?

samedi, novembre 04, 2006

De l'intérêt historique du réchauffisme

Le réchauffisme est la doctrine politique qui dit que la Terre se réchauffe, pour des causes liées aux activités humaines, et qu'il est important de lutter contre ces phénomènes.

Cette doctrine politique aux fondements pseudo-scientifiques (1) en rappelle d'autres, par exemple l'eugénisme pour réprendre une comparaison de Michael Crichton.

Or, elle rencontre un grand engouement parmi les politiques, les journalistes et le public.

Je trouve beaucoup d'intérêt à observer cette mode, cela me permet de mieux comprendre des phénomènes politiques du passé qui aujourd'hui nous paraissent irrationnels, voire incompréhensibles.

Bien sûr, il y a le fascisme : ses partisans le montraient comme l'évidente voie de l'avenir, ils présentaient comme irresponsable d'envisager autre chose ; c'est d'ailleurs pourquoi la citation tronquée sur le "Reich de mille ans" est restée dans les mémoires.

(1) : voir les précédents messages de ce blog sur les fondements du réchauffisme.

La vérité sort de la bouche ... des abonnés du Monde


Suite à un article sur la prétendue disparition des poissons d'ici 2050 (1), "si rien n'est fait d'ici là" (2) bien entendu :-) , voici deux réactions d'un abonné (c'est moi qui souligne) :

Parce qu'enfin, toutes ces menaces écologiques, climatiques, démographiques disent la même chose, seule une économie planifiée basée sur la gestion et non plus sur l expansion permet de résoudre ces problèmes. Mais justement, un paradigme étant une suite de conséquences liées les unes aux autres, partir de ces problèmes ci-dessus exige l abandon du modèle économique actuel. Ce que peu de gens veulent. D'où continuer la politique de l ignorance volontaire. C est pourtant simple à comprendre ! Non ?

L'humain est la pire espèce qui ait jamais existé, la plus prédatrice et la plus destructrice. Si un dieu existe, il est grand temps qu'il invente mieux que l'espèce humaine.

Et moi qui me fatigue depuis des mois à expliquer sur ce blog que les écolos sont des gauchistes misanthropes post-soviétiques déguisés. Il suffit de lire les forums du Monde pour les voir sans déguisement ! C'est à décourager de tenir un blog.

Si ils continuent sur leur lancée, les écolos vont finir par me rendre les conducteurs de 4X4 sympathiques, ce qui n'est pas un mince exploit, les 4X4 à Paris étant de la goujaterie montée sur roues.

(1) : sur la question, une émission C dans l'air, débat contradictoire bien plus instructif qu'un article orienté d'un gauchiste du Monde avait fait rssortir les points suivants :

> nous savons très peu de choses sur la population de poissons et son évolution

> certaines espèces sont à coup sûr menacées mais pas l'ensemble de la population de toutes les espèces

> le mécanisme des prix (ce qui est rare est cher) joue un rôle régulateur

(2) ce "si rien n'est fait d'ici là" qui revient sempiternellement dans tous les articles catastrophistes écolos signifie en réalité "si on ne cède pas au chantage à la catastrophe des écolos pour nous imposer leur volonté"

Contre le protectionnisme, exemple : Alstom et Bombardier


Par acquis de conscience, je vous reproduis ci-dessous un article extrait du Figaro sur le "patriotisme économique" (1) à propos d'Alstom.

Frédéric Bastiat, en trois pages lumineuses sur les oranges du Portugal, a démontré tout le mal que l'on peut penser du protectionnisme. Ses arguments n'ont été invalidés par aucune étude économique faite depuis.

Comme cette démonstration date des années 1840, je conclus que ceux qui ne la comprennent toujours pas sont soit vraiment trop cons soit vraiment malhonnêtes, dans les deux cas, il n'y a rien à en tirer (2).

Le patriotisme économique, arme d'exclusion

(1) ": "pariotisme économique", cette expression est d'autant plus malheureuse qu'elle mêle une chose noble mais qui souffre déjà en ce moment, le patriotisme, à la sordide défense de rentes de situation.

(2) quelques années après la mort de Bastiat, Bohm-Bawerk démontrait les erreurs conceptuelles de la "lutte des classes". C'était avant la grande vogue du marxisme. Comme quoi la véracité ou la fausseté d'une idée ont peu d'influence sur sa carrière politique (voir à ce sujet R. Boudon).

Quelques mots d'Eric Le Boucher

Voici cid-dessous un extrait d'un article du Monde par Eric Le Boucher à propos d'un communiqué du Cercle des économistes sur les enjeux de 2007.

Fidèles lecteurs de ce blog, vous n'y verrez qu'évidences et truismes.

Tel n'est pas le cas des abonnés du Monde qui réagissent dans le forum associé : je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils ont l'écume aux lèvres et le couteau entre les dents, mais, tout de même, ils semblent sincèrement choqués que "Un autre monde est possible" passe aux yeux de ELB et du Cercle des économistes pour une fadaise. Si la bêtise nourrissait, il n'y aurait plus de faim dans le monde.

La réflexion du Cercle des économistes est pourtant très instructive pour autre chose. Les trente professeurs politisent à tort les solutions mais ils replacent judicieusement le projecteur sur les bonnes questions. Ils listent, en préambule, cinq "contraintes" qui doivent être considérées comme des données alors qu'elles sont encore au centre des débats "politiques".

Ces cinq faux débats, dont il est temps de se débarrasser, sont :

1 - La mondialisation : "Aucun pays européen pris individuellement ne peut rien changer à l'ouverture des échanges". Dès lors, les restrictions à l'importation, le freinage réglementaire des délocalisations, et les mesures qui relèvent d'une "approche défensive" sont "impraticables". Tout accroissement de la protection de l'emploi est " irresponsable" ;

2 - L'exigence de rentabilité du capital des entreprises : "On voit difficilement l'Europe ignorer les règles "anglo-saxonnes" du capitalisme, de la comptabilité, de la gouvernance" ;

3 - Le budget : la "redoutable combinaison" de la concurrence fiscale engagée dans l'Union européenne et de la dette nationale va interdire toute facilité budgétaire. "Les riches paieront", "les entreprises paieront" ou "les enfants paieront" (par la dette) sont des mensonges ;

4 - Le vieillissement : "Tout programme qui ne mentionnerait pas les moyens d'accroître la durée du travail sur la vie (...) ne pourrait pas être pris au sérieux" ;

5 - Jean-Claude Trichet : "Le mandat de la Banque centrale européenne ne sera pas modifié, pas plus que le traité de Maastricht ou la sociologie de son conseil." A tort ou à raison, il est temps d'arrêter d'agiter une illusoire relance monétaire.

Le Cercle des économistes ouvre ensuite les "vrais débats", autour d'"arbitrages" modernes, massifs et, au sens plein, "politiques". Retenons en trois :

1 - Le revenu ou le temps libre ? La France est au 27e rang sur trente dans l'OCDE pour la quantité de travail par personne active. Voilà autour de quoi devraient tourner les colloques sur le pouvoir d'achat ! La gauche préfère le temps libre ? Qu'elle le dise. La droite le revenu ? Qu'elle abroge les 35 heures.

2 - La mondialisation creuse les inégalités. Pour éviter que les bas salaires ne décrochent de plus en plus, la France a instauré des défiscalisations et la prime à l'emploi. Le coût est très lourd. Gauche et droite devraient dire le degré d'inégalités qu'elles souhaitent et qu'elles demandent de payer aux contribuables.

3 - Le risque de perte d'emploi. Que "la sécurisation du parcours professionnel" fasse unanimité de la CGT à l'UMP est suspect. Gauche et droite "devraient expliciter leur projet et dire comment répartir la charge du risque entre l'individu et la collectivité", bref indiquer où elles mettent le curseur entre le modèle danois et le modèle libéral.

Si la France évacuait une bonne fois pour toutes ces faux débats pour les vrais, elle avancerait. Mais tel n'est pas le cas, la droite et la gauche continuant d'aligner d'antiques promesses intenables.

vendredi, novembre 03, 2006

Que faire ? Agenda 2007

Nicolas Baverez, avec son humour décliniste percutant, essaie de tracer une feuille de route pour les candidats aux élections de 2007.

Il y est moins bon que dans le diagnostic, un peu trop "yaka fokon" mais il est tout de même assez plaisant.

Il a le mérite de souligner deux choses :

> le déclin n'est pas inéluctable (voir Jeanne d'Arc, Henri IV, De Gaulle)

> le redressement n'est pas automatique. Je suis hanté par le spectre de l'Argentine, qui fut une grande puissance économique entre les deux guerres : j'ai quelquefois la conviction que les Français réagissent de même, accusant l'extérieur, le monde tel qu'il va, et s'y trouvant de fausses justifications à leur refus de se battre. Le monde n'est ni bon ni mauvais, il est ; à nous de nous battre.

Je vous mets un extrait du livre, volontairement choisi dans le domaine du diagnostic afin de ne pas vous gâcher le plaisir de lire les recommandationssi vous l'achetez.

La liberté, une idée neuve

Les ravages du libéralisme en Amérique Latine


Certains pays d'Amérique Latine sont dans la crise, les causes en sont essentiellement :

> un populisme plus soucieux de s'assurer le pouvoir et de se remplir les poches que de gérer le pays

> une bourgeoisie compradore qui fait de l'investissement à l'étranger un hobby

> une propension à accuser l'étranger de maux qui ne viennent que de soi

Comme vous voyez, il s'agit là des ravages de l'affreux libéralisme vampire.

Est-ce si grave ?

Je vous copie le bloc-notes d'Ivan Rioufol de ce jour.

Bien qu'étant d'accord avec lui sur le fond, j'ai du mal à me convaincre que ça soit si grave. Peut-être le ton alarmiste de Rioufol me contrarie-t-il. Comme l'humour de JF Revel me manque ...

Le bloc-notes d'Ivan Rioufol : La barbarie, ses soutiens

LE BLOC-NOTES d'Ivan Rioufol irioufol@lefigaro.fr.
Publié le 03 novembre 2006



Une barbarie s'installe en France : vite, parlons d'autre chose ! Samedi, à Marseille, Mamou Galledou, brillante étudiante d'origine sénégalaise, a été grièvement brûlée dans l'incendie d'un bus dont elle était passagère : un acte de terreur, perpétré par cinq mineurs d'une cité voisine. L'attaque, si elle avait été commise par des « petits Blancs », aurait fait descendre dans les rues les citoyens horrifiés. Cette haine ethnique serait-elle excusable ?

Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, estime que le drame « est le résultat d'une frustration, d'une humiliation liée à la ghettoïsation » : des propos qui conduisent à valoriser ces guérillas contre la République et tout ce qui la symbolise. Le chômage et les discriminations entretiennent bien sûr le ressentiment des cités. Mais ces sauvageries mimétiques font aussi le jeu de ceux qui poussent à imposer la peur.

La gauche conforte les alibis victimaires, quand elle accuse Nicolas Sarkozy d'être responsable des tensions ou exige ses « excuses » aux familles de Zyed et Bouna, morts à Clichy il y a un an en fuyant la police. Il n'est jamais venu à l'idée du PS de demander des excuses à ceux qui ont lapidé Godfran Hadaoui à Marseille, brûlé Chahrazad Belayni à Neuilly-sur-Marne, lynché Jean-Claude Irvoas à Épinay, tué Jean-Jacques Le Chenadec à Stains, martyrisé Ilian Halimi à Bagneux.

Derrière les réprobations de circonstance, demeure une mansuétude pour les encapuchonnés. Ces fauves, enfantés par une démission collective et un obscurantisme qui a eu raison de l'École, sont présentés comme les symboles du mal-être des banlieues, alors qu'ils devraient être leur repoussoir. Qu'attend Marseille pour manifester pour Mamou Galledou et se désolidariser de ces nazillons, qui déshonorent la ville et l'islam ?

Plus généralement, les revendications sociales des banlieues s'accommodent de comportements qui portent le spectre de la guerre civile. Or, personne n'ose désigner le rôle de l'islamisme révolutionnaire dans son désir d'affronter l'État. Cette idéologie est certes portée par une minorité, mais c'est elle qui fait basculer l'histoire. Aussi revient-il aux musulmans modérés, majoritaires, de mettre en garde les plus vulnérables contre le fanatisme. À eux de défendre le modèle français qui les a accueillis. L'heure est venue.

Autopsie d'une subversion

L'apathie devant l'emprise de l'islamisme sur nombre de jeunes - dénoncée par le préfet de Seine-Saint-Denis (« Bloc-notes du 29-9 ») - est le meilleur allié de cette idéologie conquérante et de son entreprise de subversion. Dans les années 1970, l'universitaire Roger Muchielli avait analysé les conditions de réussite d'une telle stratégie (La Subversion, Éditions CLC). Il en voyait trois : « Démoraliser la nation visée et désintégrer les groupes qui la composent ; discréditer son autorité et ses défenseurs ; neutraliser les masses pour empêcher toute intervention spontanée en faveur de l'ordre établi ». « Ces buts, ajoutait-il, sont accessibles seulement par l'utilisation des mass media ; sans presse, sans radio, sans télévision, la subversion est impuissante. »

Ces buts sont atteints. En témoignent ces médias pour qui l'islamisation des cités est un fantasme. En témoignent ces repentances d'une République honteuse de son passé, de sa culture et n'osant plus affirmer son autorité sinon auprès des automobilistes, délinquants dociles. « Convaincre l'homme que, sinon lui-même, du moins ceux qui sont de son côté commettent des actes immoraux, injustes, c'est amener la désintégration du groupe auquel il appartient », disait Jacques Ellul. Oui, nous y sommes.

C'est ainsi que le mouvement des Indigènes de la République a pu faire croire à des « nouveaux Français » qu'ils étaient victimes, à leur tour, de la France coloniale : une oppression justifiant les actuelles intifadas. Trop rares sont les compatriotes musulmans qui, comme Messaoud Bouras (1), dénoncent ceux qui visent « à faire d'un Français vivant sur le sol de ses ancêtres un colon, un occupant illégitime, une personne à combattre et, si possible, à chasser ».

Sexe des anges

Constantinople assiégée, ses élites discutaient encore du sexe des anges. Ce que fait Dominique Strauss-Kahn, quand il explique que « la crise que nous vivons en France est fondamentalement économique et sociale », enfourchant le conformisme de ceux qui ne veulent voir dans l'islamisme qu'une humeur liée au chômage. Mais comment expliquer sa percée dans l'entreprise, notamment dans la grande distribution et la construction automobile ? « L'islam est en train de remplacer la CGT comme soutien des salariés musulmans dans leurs revendications contre la hiérarchie », écrivait Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, dans un rapport de septembre 2005. Encore un fantasme ?

Nulle part n'affleure, chez les candidats, la prise en compte du séparatisme qui menace la nation (« Bloc-notes » de la semaine dernière). Ségolène Royal feint de croire en l'efficacité de ses fumeux « adultes référents uniques », tandis que la droite ne sait répondre qu'en durcissant des lois qui ne sont que partiellement appliquées par une justice en opposition avec la police. « J'appelle Français ceux qui ne veulent pas que la France meurt », disait Malraux. Ne pourrait-on débattre des conditions de sa survie ?

Victimes du devoir

Un lecteur (Dr Antoine Denis, Albi) s'indigne qu'aucun hommage n'ait été rendu aux docteurs Pierre-Olivier Denué et Benjamin Ramus, tués le 19 octobre dans un accident d'avion alors qu'ils assuraient le transport d'urgence d'un transplant hépatique destiné à une greffe. Ces victimes du devoir auraient bien droit, elles aussi, à leur stèle.


(1) Blog de Messaoud Bourras

mercredi, novembre 01, 2006

Et si nos gouvernants n'étaient pas si bêtes ?


J'entends les pires critiques sur l'inaction de nos gouvernants concernant la lutte contre le réchauffement climatique. Comme les mots ne coûtent rien, certains parlent de "crime contre l'humanité".

Pourtant, j'y vois une forme de sagesse : la contribution humaine au réchauffement climatique, dont on ne sait même pas dire où et comment et dans quelle proportion il serait négatif ou positif (1), est très mal connue, par contre, le coût ahurissant en termes de développement et de bien-être des mesures préconisées par les écologistes est parfaitement saisi.

Il y a donc un bon sens évident à considérer qu'il est urgent d'attendre. Ceci explique d'ailleurs l'hystérie des partisans de la lutte à tout prix contre le réchauffement climatique : moins sa cause est fondée, plus il convient de faire de bruit.

On ne sera donc pas étonné de retrouver en tête de la surenchère écologiste celui dont toute la carrière est bâtie sur des discours creux vides de bon sens : Jacques Chirac (2).

En prenant ce train, Tony Blair confirme son pire défaut : le goût de l'épate médiatique.

(1) : les écologistes sous-entendent que toute évolution de la température, réchauffement ou refroidissement, serait maléfique ; c'est croire que l'état actuel de la nature est optimal pour la vie humaine, ce que rien ne nous permet d'affirmer (à supposer d'ailleurs que cet "état optimal pour la vie humaine" ait un sens, ce qui est douteux vu la capacité d'adaptation de l'homme : à état de nature donné, l'homme s'arrange pour en tirer le meilleur). On en revient toujours à cette idée que l'écologisme irrationnel repose sur le culte de Mère Nature, intrinsèquement bonne et souillée par l'homme.

(2) : l'homme qui promettait de baisser les impots ET le déficit ET d'augmenter la dépense publique !