lundi, juillet 31, 2006

Le Proche-Orient rend fou, mais l'étude de la folie n'est pas sans intérêt

Je connais suffisamment le Proche-Orient, je m'y intéresse depuis suffisamment longtemps et du point de vue de tous les "belligérants" pour avoir une certaine "philosophie" : il n'y a ni bons ni méchants, il y a des gens qui poursuivent des buts plus ou moins honorables avec des méthodes plus ou moins morales. A prendre des positions seulement morales sans considérer le froid calcul politique, les manoeuvres et les intérêts (voir mon message précédent), on risque le ridicule.

J'ai beau m'attendre à tout de notre bien-pensance, je suis un peu surpris de la violence des réactions anti-israeliennes ; d'autant qu'elles ne découlent pas d'une analyse circonstanciée des événements. Par exemple, elles prennent très peu, voire pas du tout, en compte les autres acteurs (Hamas, Hezbollah, Liban, Syrie, Iran), leurs actions, leurs responsabilités et leurs motivations et encore moins l'opinion arabe (Understanding Arab media analysis).

Je suis estomaqué par la violence des passions et des propos, bien proches de l'hystérie. C'est désespérant : si nous, qui ne sommes quoi qu'on en dise pas directement impliqués dans le conflit, sommes incapables de réagir de manière sereine et distanciée, comment attendre des acteurs qu'ils agissent avec raison ?

Ce phénomème m'intéresse, voire me captive, en tant qu'objet d'étude : je parcours avec attention les débats attachés aux articles du journal Le Monde, j'y cherche les opinions absurdes, qui ne sont pas rares hélas, et j'essaie d'en comprendre les raisons.

Elles sont souvent inquiétantes et révélatrices sur le fond des pensées de leurs défenseurs, intolérants et absolutistes, mais c'est ainsi : il y aura toujours des gens persuadés de détenir la Vérité et d'avoir le devoir de l'imposer aux autres. Sont-ils, comme le prétendent certains, les "idiots utiles" du "fascisme vert" ? C'est possible, mais cette idée de "fascisme vert" me gêne encore : "obscurantisme" me suffirait.

Je note que leurs opinions reprennent souvent les traits attribués aux medias arabes :

> la primauté de l'identité : "Tu penses ce que tu penses parce que tu es qui tu es" avec pour corollaire "Etant ce que tu es, ton opinion sur tel sujet est partisane, ne vaut rien, quels que soient tes arguments" Exemple typique de ce raisonnement : "Tu soutiens Israel (ou tu te contentes d'être neutre), donc tu es pro-américain, donc tu es ultra-libéral (insulte suprême), donc ton opinion ne vaut rien."

> la recherche de l'absolu : il n'y a pas de gris, il n'y a que du noir et blanc "Si tu n'es pas contre Israel, c'est que tu es pour." (et vice-versa comme dirait W.) On applique comme grille d'analyse le Proche-Orient idéal en paix, prospère, débarrassé d'israel, etc. et l'on mesure les écarts. Je pense que cette attitude (comparer le réel avec une utopie) est directement héritée du communisme, concerne les mêmes populations et mène aux mêmes impasses.

> les théories du complot : on n'est généralement plus dans le billard à trois bandes mais plutôt à seize dix-huit ou plus. On tient souvent lesthéories du complot pour un trait fasciste. C'est bien possible, mais je crois surtout qu'elles permettent d'éliminer la complexité du monde : il est plus rassurant d'imaginer une machiavélique volonté humaine à la source de tout, même après de nombreux ricochets, que de faire sa place au hasard, à l'erreur, à la bêtise, à l'enchainement non maitrisé des évévements, aux circonstances imprévues.

> Enfin dernier élément du cocktail délirant : une ignorance qui fait que l'on ne peut pas échafauder une argumentation sur des faits ; on ne peut alors que poser des jugements sommaires ("Tuer des enfants, c'est scandaleux") qui n'apportent aucune lumière. On en arrive au narcissique "Que je me vois si résistant-antifasciste-compatissant (rayer la mention inutile) en ce miroir médiatique".

L'autre solution, pour les ignorants, serait de se taire, mais c'est au-dessus des forces de beaucoup.

Dans tout cela, je retrouve la trace des exaltations collectives broyant l'individu (les guerres de religion, le communisme, le fascisme) : être persuadé que la Cause est Juste, trouver réconfort à se trouver du coté de la Juste Cause, prendre plaisir à être au coude à coude avec d'autres partisans de la Juste Cause, exhiber son courage en combattant les ennemis de la Cause, exalter le prépondérance du sentiment Juste, forcément Juste, sur la triste et compasseé raison des froids, des timides, des sans-coeurs.

Le rouleau compresseur des bons sentiments, quand il a été en mesure d'agir, a toujours mené au bain de sang : le monde est sale, impur, un monde pur et parfait est impossible, mais on peut tenter d'y arriver en éradiquant le maximum d'impurs. Au Proche-Orient, on est dans la même logique : chaque camp a ses Purs prêts à exterminer l'autre camp sans remords.

Nous, en France, avons aussi nos Purs (j'ai pris en exemple ceux du camp anti-israelien, mais je suis bien sûr qu'il y en a aussi dans le camp pro-israelien, sans doute moins populeux). Il ne leur manque qu'une chose pour être véritablement nocifs : le pouvoir ; qui serait à n'en pas douter utilisé à faire taire les voix discordantes ou même pire.

Je pense avoir fait le tour de la situation proche-orientale dans la mesure de mes moyens, je vous ai indiqué certains des sites que je consulte, il ne me reste plus qu'à me taire jusqu'à ce que la situation évolue.

Par politesse, je continuerai à répondre à ceux qui ont l'amabilité de me laisser des commentaires. Je suis particulièrement preneur des témoignages et des informations factuelles ("informations factuelles" est un pléonasme, mais de nos jours, on n'est jamais trop prudent).

Un petit bonus pour ceux qui ne sont pas encore emportés par la chaleur de la passion :

Une saignée discrète et mortelle

Si Ludovic Monnerat a raison (ce que je souhaite), la fin du Hezbollah comme force armée n'est pas loin.

Malheureusement, je n'ai trouvé que des sources israeliennes donnant les pertes du Hezbollah (évidemment, vu l'ambiance quasi hystérique dont je vous parlais précédemment, ce n'est pas dans la presse française qu'on va apprendre que les actions israeliennes, au lieu d'être seulement vaines et cruelles, pourraient avoir un sens et même être efficaces).

Synthèse de mon opinion sur la situation au Proche-Orient

Le Hezbollah est condamnable :

1) par ses buts de guerre : l'anéantissement d'Israel ; qui n'est en rien un bien pour le Liban. Le Liban aurait bien plus intérêt à commercer avec Israel qu'à le détruire. C'est pourquoi baptiser le Hizb de "Résistance" est hypocrite et déplacé.

Le Hizb ne "roule" pas pour le Liban, mais pour l'Iran et la Syrie. (et qu'on ne vienne me bassiner avec les "fermes de Chebaa", ce n'est tout de même pas l'Alsace-Lorraine)

2) Par les méthodes avec Israel qu'il emploie : se planquer au milieu des civils

3) Par les méthodes qu'il emploie avec les Libanais : "Je t'aide à finir de payer ta maison et ton taxi mais, tu seras gentil, ta fille porte le voile et ton fils va à l'école coranique, sinon, adieu l'aide"

Israel :

Etant donné l'évolution des fusées (portée et charge militaire), Israel devait faire quelque chose sans quoi son existence même aurait été menacée dans les années qui viennent. A-t-il choisi la bonne méthode ? Je ne sais pas, je n'arrive pas à me former une opinion sur la question.

J'ai une sympathie certaine pour Israel : c'est un pays où s'expriment cent fois plus de libres opinions, y compris en temps de guerre, que dans tous les pays arabes l'entourant.

L'Iran : un acteur dont le jeu est clair : il a un intérêt à accroitre le chaos et la tension dans la région car, par l'intermédiaire des mouvements chiites dont le Hezbollah, cette situation lui profite.

Le Liban : les Libanais ont eu le tort de soutenir le Hezbollah ou de laisser faire. Aujourd'hui, une fraction des Libanais se réjouit de l'intervention israelienne pendant qu'une autre la condamne.

Une évaluation mesurée des degâts, avec grande prudence :

> Beyrouth n'est que peu touché (quelques immeubles)

> Par contre, les infrastuctures économiques (routes, ponts, aéroport, centrales électriques) sont atteintes. Cependant, quand j'entends dire qu'Israel "détruit tout un pays", je sais que c'est à l'évidence faux.

> Je ne me prononce pas sur les pertes (civiles ou non), je n'ai pas de moyens de faire la part entre le propagande (toujours présente), la mise en scène (toujours possible) et la vérité (toujours fragile). Par exemple, on nous parle d'enfants tués à Cana : que faisaient-ils dans un immeuble dont personne ne semble contester qu'il abritait le Hezbollah ? Faute d'une réponse fiable, il est difficile de juger.

Les autres pays arabes : souvent à dominante sunnite, ils sont bien contents qu'Israel lance un avertissement musclé aux chiites pro-iraniens, d'où un silence assourdissant de leur part.

Les USA, l'Europe : nous sommes un peu près dans la même position que les pays arabes.

Le "reste du monde" (Chine, Russie, Inde) : ayant leurs propres soucis d'islamisme et d'approvisionnement pétrolier, la neutralité bienveillante est aussi de circonstance.

Al Quaida : organisation sunnite, elle est très gênée par l'engouement de la "rue arabe" pour le Hezbollah chiite. Elle propage une théorie du complot comme quoi les USA et le Hizbollah seraient alliés pour repousser le sunnisme (question sur un site internet proche de Al Quaida : "Peut on dire une prière pour le Hezbollah ?" "Non, ce sont des mécréants qui font le jeu des croisés"). Il est à craindre que Al Quaida essaie de reprendre l'avantage sur le terrain du "marketing" par un attentat bien meurtrier, bien spectaculaire et bien médiatique, en Israel, en Arabie Saoudite, aux USA ou en Europe.

dimanche, juillet 30, 2006

Rions de peur d'avoir à en pleurer

Voici un commentaire relevé à propos du "massacre" (1) de Cana sur le site du journal Le Monde :

SEBASTIEN (prof de philo)30.07.06 16h05

Quand donc, nous les européens tolérants, allons-nous nous unir pour enfin détruire les Etats-Unis d'Amérique: pays responsable de tant de sang, et de tant d'abrutissement? Quand donc allons-nous décider de boycoter tous les produits américains et servir d'exemple aux autres pays plus timides, afin, par un moyen légal et digne, d'affaiblir leur économie despotique ? Soyons JUSTES! Rendons aux USA le résultat de leurs actions passées: punissons-les par nos mots et nos délibérations quotidiennes!

Je me demande ce qui est le plus risible (ou affligeant, suivant les tempéraments) : les propos eux-mêmes ou qu'ils soient tenus par un prétendu "prof de philo" ?

Soyons des "Européens tolérants", exterminons les USA et rendons leurs le résultat de leurs actions passées : c'est une excellente idée, ressuscitons l'empereur Guillaume, Adolf Hitler et Leonid Brejnev.

Certes, il vaut mieux lire cela que d'être aveugle, mais, tout de même, il y a de quoi se demander dans quel monde on vit.

(1) : je mets massacre entre guillemets jusqu'à plus ample informé : le "massacre de Jénine" n'a jamais existé alors que le "massacre de sabra et Chatila" a bien eu lieu. La plus extrême prudence est donc de rigueur.

On the eve of madness

Je me permets de recopier un article du New York Times à propos du Proche-Orient que je trouve assez juste :

On the eve of madness

Et comme toujours, je vous renvoie aussi à l'excellent site de Ludovic Monnerat :

Gagner la guerre, perdre la paix ?

Monnerat ne dit rien d'extraordinaire, seulement il analyse la situation avec l'oeil froid du technicien et, par ces temps de passsions aussi déchainées qu'irréfléchies, ce n'est pas si courant et c'est reposant.

Il serait lassant que je vous fasse la liste de toutes les théories du complot, plus machiavéliques les unes que les autres, que j'entends autour de moi, avec, bien entendu, toujours Israel dans le rôle du méchant.

Quand je commence à évoquer le simple fait que, dans la région, il n'y ni parfait méchant ni parfait gentil, on me regarde comme si j'étais Pervers Pépère faisant la sortie des écoles. Je me demande ce qui enrage tant les gens dans Israel, qu'ils éprouvent un besoin si fort d'en faire le Méchant.

Comme ce n'est pas du domaine du rationnel et que cela s'appuie le plus souvent sur une connaissance très superficielle, voire une totale méconnaissance, de la région, je me tais assez souvent : tant de passion appuyée sur tant de vide, ce n'est pas la peine de discuter.

Faites un test : demandez à tous ces gens qui ont un avis définitif qu'elle est la différence entre chiites et sunnites, vous aurez bien peu de réponses cohérentes. Pourtant, c'est un point fondamental pour comprendre. Et ainsi du reste.

Et pour ajouter une couche de raison, Guy Sorman :

Liban-Israel, la guerre des images

samedi, juillet 29, 2006

Les Français et leurs animaux (JP Digard)


FFF

Livre très intéressant mais pas du tout "animalitairement" (1) correct.

Les thèses de l'auteur, fort bien étayées, peuvent se résumer ainsi :

1) Jamais la séparation animaux de rente (élevage) / animaux familiers n'a été si forte. On peut penser qu'on sur-investit les uns jusqu'au ridicule pour mieux oublier les traitements infligés aux autres.

2) Les animaux nous sont d'autant plus familiers qu'ils n'ont pas d'autre utilité que celle de nous être dévoués. Exemple : le chat est devenu un animal familier, a été autorisé à pénétrer dans les maisons, que du jour où il n'était plus nécessaire pour chasser les rats.

3) La connaissance des animaux diminuent. Exemple : les accidents de travail chez les paysans élevant des bovins augmentent.

4) La conséquence directe du 3) est que nous ne nous représentons plus les animaux comme des animaux.

Soit ils sont ignorés et considérés comme une source de matière (cuir, viande, etc ...), c'est une barbarie, un ensauvagement ; soit ils sont traités comme des hommes ("Mon petit chéri aime le foie gras", ça parle d'un petit garçon ou d'un chat ?).

Digard est sans ambiguité sur ce point : traiter les animaux comme des hommes est une forme de maltraitance, certes plus douce que les traitements brutaux et négligents. Pour lui, pas de chien dans le lit ou sur le canapé, ce n'est pas sa place. Digard cite des chiens qui ressemblent à des bébés (même poids, peau lisse, grands yeux).

Exemple de maltraitance par anthropomorphisme : le chiot dalmatien traité comme une gentille peluche. Sauf qu'un dalmatien adulte, ça a besoin de courir plusieurs kilomètres par jour et que ça dévore le canapé quand ça s'ennuie ; d'où de nombreux abandons.

Autre exemple mi-risible mi-navrant : les fauves du zoo de Vincennes ont été retirés sous la pression du public qui considérait leur condition comme barbare. Maintenant ils dépriment par ennui, mais loin des yeux du public.

5) Logiquement, suite à cette confusion, l'homme en vient à ignorer sa position vis-à-vis des animaux au point de leur donner des droits, alors que, êtres sensibles mais non pensants, les animaux ne peuvent avoir ni droits ni devoirs. Exemple extrême mais authentique de cette déformation : certains considèrent qu'il faudrait empêcher les lions de manger les gazelles au nom du droit à la vie des gazelles. Problème : et le droit des lions de ne pas mourir de faim ?

Par contre, l'homme néglige certains de ses devoirs élémentaires, comme celui de réguler les populations animales.

6) L'homme, par sa seule présence, modèle la nature. Ceux qui luttent pour une nature "vierge" ou "sauvage" sont condamnés à échouer, sauf à éradiquer l'homme. Exemple : les ours en Espagne : de manière à empêcher les activités agricoles d'empiéter sur le territoire des ours, on en a fait des plantigrades une source de revenus touristiques. Seulement, les touristes font fuir les ours. Faut-il supprimer agriculteurs et touristes pour que les ours vivent en paix ?

7) On peut facilement rattacher la passion animalitaire, les animaux comme substituts affectifs, à la violence symbolique ou réelle d'une société. Cela devrait nous interroger que la France soit le pays d'Europe où il y a le plus d'animaux familiers.

C'est brutal à dire, mais quelqu'un qui aime trop les animaux ou les enfants révèle souvent une incapacité à aimer les hommes dans leur diversité et dans leur complexité. L'amour des animaux d'Hitler et le fait que la législation nazie était la plus favorable aux animaux devraient nous interpeller.

En conclusion : Digard nous appelle à traiter les animaux comme des animaux et les hommes comme des hommes alors que nous sommes embarqués dans le schéma inverse.

(1) : "animalitaire" se rattache au militantisme

vendredi, juillet 28, 2006

La connaissance inutile

La connaissance inutile est le titre d'un excellent livre de JF Revel.

La question centrale de ce livre "Pourquoi certaines connaissances sont elles ignorées, travesties ou inutilisées ?" me tracasse souvent. D'autant plus que cette attitude est indépendante du niveau d'études ; simplement, plus le niveau d'études est élevé plus les arguments voilant la réalité tendent à être sophistiqués (et encore pas toujours : souvent il n'y a que le vocabulaire qui est sophistiqué voire snob).

On en trouve des exemples sur tous les sujets. JF Revel écrivait qu'il faut avoir fait beaucoup d'études pour ne pas comprendre les causes du chômage en France. Ou encore, des gens très bien m'ont soutenu récemment que la guerre en Irak était bénéfique à l'économie américaine suivant un raisonnement très proche de La vitre cassée de Bastiat.

La guerre, qui est par définition destructrice, ne peut en aucun cas être économiquement bénéfique pour les belligérants ; c'est contraire à tout bon sens (la théorie comme quoi la seconde guerre mondiale aurait "relancée" l'économie allemande puis américaine est un mythe : voir A. Sauvy).

On essaie bien de contrer cet argument en invoquant le fait que cette guerre serait payée par les pays pétroliers arabes, il y a là une erreur d'un ordre de grandeur : le PIB de l'Arabie Saudite est 36 fois moindre que celui des USA. Si l'Arabie Saoudite donnait l'intégralité de son PIB aux USA, elle arriverait à peine à financer la guerre en Irak.

L'argent saoudien est impressionnant parce qu'il est investi à l'étranger massivement et avec constance, il n'en demeure pas moins négligeable par rapport aux flux de capitaux mondiaux.

Il est vrai cependant que les USA sentent moins le coût de cette guerre du fait qu'ils financent leur déficit en siphonnant l'épargne étrangère ; ça n'en rend pas pour autant la guerre bénéfique : si il n'y avait pas eu cette guerre, il y aurait eu aussi un déficit financé par l'épargne étrangère mais l'argent aurait été utilisé ailleurs, à des choses constructives, il faut espérer.

Démontons l'enchaînement des erreurs :

> du fait que la guerre en Irak rapporte à quelques entreprises américaines, on en conclut que toute l'économie américaine en profite. Ce qu'on ne voit pas, c'est que le contribuable américain qui paye pour que l'armée puisse acheter des missiles à Raytheon, lui, n'en profite pas du tout ; on retombe dans le sophisme de Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas.

> il y a aussi un complexe d'infériorité : les Américains sont cupides, c'est bien connu, ils ne peuvent pas se tromper quand il s'agit d'argent, ils sont d'infaillibles capitalistes (un peu comme les juifs, quoi). Si ils font la guerre en Irak, c'est que ça leur rapporte. Et s'ils n'étaient pas en Irak pour l'argent ou si ils avaient fait un mauvais calcul ? (La thèse du mauvais calcul est d'autant plus pertinente qu'il semble bien que le gouvernement croyait réellement à une guerre courte).

> enfin, l'économie des USA, qui font la guerre, se porte mieux que l'économie de l'Europe, qui ne fait pas la guerre. La guerre expliquerait donc cette différence de santé économique. Mais la guerre est-elle la seule différence entre les USA et l'Europe ?

Pourquoi parler de connaissance inutile ?

> parce que le coût exorbitant de la guerre est Irak est connu, il a été discuté lors de la campagne Bush-Kerry.

> parce que les causes de (relative) bonne santé économique des USA sont connues et n'ont rien à voir avec la guerre en Irak : recherche abondante, esprit d'entreprise, marché du travail souple, taux d'intérêts bas, endettement des ménages, dette publique en partie financée par l'étranger (seul ce point à un lointain rapport avec l'armée américaine : les USA ne seront pas envahis de sitôt, l'argent y est en sécurité).

Il s'agit donc d'un cas où l'on met de coté ce que l'on connaît pour ne pas bousculer ses préjugés (à savoir que l'Empire du Mal, au machaivélisme surnaturel, est sur l'autre rive de l'Atlantique).

En réalité, il faut faire un usage abondant du rasoir d'Hanlon, petit cousin du rasoir d'Ockham, et on s'aperçoit qu'il existe une hypothèse bien plus simple expliquant la présence des Américains en Irak qu'une cupidité dont on a bien du mal à voir les cheminements et les effets : la bêtise.

Mais pour réaliser à quel point la connaissance est inutile, il faut aussi s'apercevoir que ce sont ceux qui il y a trois ans nous expliquaient que les Américains étaient stupides d'envahir l'Irak et allaient s'y enliser contre leur gré qui nous racontent maintenant que les Yankees y restent volontairement par une cupidité très sophistiquée.

En résumé, pour importent les faits, les Américains ont toujours tort.

L'antisémitisme de 2006

Je lis souvent l'espèce de forum que Le Monde attache à ses articles en ligne. Ces derniers temps, c'est affligeant : la haine anti-israelienne, pour ne pas dire antisémite, domine.

Des tabous ont sauté : des gens n'hésitent plus à écrire que les juifs se comportent comme des nazis (ce qui au demeurant est parfaitement idiot).

Il est très clair aux propos des lecteurs qu'ils sont plutôt de gauche, voire de la "vraie gôche". Je sais bien que les gauchistes ont toujours besoin de damnés de la terre pour se conforter dans leur narcissisme moralisant, pour se prouver chaque jour qu'ils sont le Souverain Bien, la Générosité Suprême.

Il leur faut leur ration de déshérités, à plaindre et à défendre du fond de leur confort ; alors, après les Palestiniens, pourquoi pas les Libanais ? De toute façon, les ennemis de mes ennemis sont mes amis, non ? Et nos ennemis communs sont bien les juifs américanophiles (quelle horreur !), libéraux (satanique pensée) et mondialisateurs (crime odieux), n'est-ce pas ?

Malheureusement, dans une situation aussi complexe que celle du Moyen-Orient, une attitude (je n'ose parler de pensée) manichéenne est tout simplement ridicule.

Mais ces propos antisémites m'ouvrent la conscience : la notion de "fascisme vert" pour qualifier l'islamisme me dérangeait, comparaion n'est pas raison. Or, à lire ce qui s'écrit et à voir ce qui se passe, j'en viens à éprouver une révulsion et une peur identique de l'islamisme et du fascisme.

mercredi, juillet 26, 2006

Plus terrible que l'Antechrist : la privatisation d'une sinécure syndicalocratique

Il m'arrive bien souvent de mépriser nos hommes politiques et particulièrement nos députés. Je m'en veux mais c'est ainsi.

Pourtant, dans l'affaire de la vraie-fausse privatisation de GDF (qui est en réalité en l'état actuel des choses une nationalisation de Suez), ils sont tellement lâches, ridicules, pusillanimes et irresponsables qu'ils en inspirent presque pitié.

On les sent tellement terrifiés à l'idée que l'ogre syndical pourrait envisager de hausser un demi quart de sourcil qu'on en vient à en éprouver de la compassion.

mardi, juillet 25, 2006

En 2050, la France devrait compter 1,4 actif pour un inactif

Le titre de ce message est extrait du journal. Il n'est pas difficile d'en imaginer les conséquences.

Et vous savez quoi ? Il y a une solution : que les gens travaillent plus longtemps. Mais cela supoposerait une remise en cause des employés et des employeurs.

Alors continuons à foncer droit dans le mur comme si rien n'était.

Les barbares sont parmi nous

Yamine Djerroud est mort pour "des rumeurs circulant sur une jeune fille"

Est-il vraiment utile que je commente ?

lundi, juillet 24, 2006

Immigrés illégaux : expulser ou régulariser ?

Quand on vous présente une question fermée, comme le dilemme qui vous est posé en titre de ce message, c'est souvent qu'on veut vous cacher quelque chose.

En l'occurrence, il existe un troisième choix de bon sens dont, par peur, on évite de parler : supprimer les aides et les avantages sociaux pour les immigrés clandestins.

Il n'y aurait alors besoin ni d'expulsions ni de régularisations massives, les immigrés sans travail repartiraient volontairement chez eux. Utopique ? Irréaliste ? C'est précisément ce qui est arrivé en Amérique après la crise de 1929.

Milton Friedman pense qu'immigration et Etat-providence sont incompatibles. Mais Friedman est un libéral, donc tout juste bon à être insulté, en aucun cas écouté ; n'est-ce pas ?

Le jeune Harry

Ayant écrit un message intitulé La jeunesse est un naufrage, je ne suis guère vulnérable à l'accusation de jeunisme débridé.

Tout à ma lutte contre le confusionisme, confondant sexes, âges, cultures et valeurs, qu'on tente avec quelle hargne (1) de nous imposer comme le seul humanisme authentique (étonnant paradoxe), je copie cet article du Figaro afin que l'on n'oublie pas, en faisant des vieux des faux jeunes, de faire leur place aux générations montantes.

Le jeune Harry

(1) : la visite de sites communautaristes, féministes ou homosexuels militants fait passer l'emploi du mot "hargne" pour un doux euphémisme. Il s'agit en réalité pour certains activistes d'un véritable terrorisme ; non seulement, ils récusent le droit de discuter les propositions opposées aux leurs, mais même le simple fait de les évoquer (voir le sort du malheureux Larry Summers, viré de sa présidence d'Harvard après un tollé médiatique, pour avoir osé envisagé que la sous-représentation des femmes dans les sciences n'avait peut-être pas pour origine que des causes culturelles.)

Sur le "politiquement correct, je vous conseille ce site : Politiquement correct

dimanche, juillet 23, 2006

Liban-Israel vu par un Français

Je continue ma série de contrepoint à la vulgate parisianiste et médiatique, qui est antisioniste et caricaturale et, pire encore, empreinte d'une totale ignorance du sujet.

Je ne prends pas les articles que je vous cite comme parole d'Evangile, sans quoi je tomberai dans ce que je reproche à la "vraie gôche", mais du moins, il y a matière à discussion.

Liban, vérités dérangeantes

vendredi, juillet 21, 2006

Israel-Liban toujours par le petit Suisse

Le choix de l'attrition

Un des commentateurs ironise sur le prétendu nombre important de victimes civiles.

La vérité est effectivement la première victime de la guerre et je ne m'aventurerai pas sur le terrain comptable : au cours de la guerre civile, une milice libanaise avait invité la presse, pour protester contre un horrible massacre, des hommes décapités par la milice adverse. L'enquête avait ensuite montré que les scandalisés avaient eux-mêmes décapité des cadavres et organisé la mise en scène.

Ce genre d'anecdotes incite à prendre avec des pincettes les chiffres de pauvres victimes civiles innocentes qu'on nous fournit complaisamment chaque jour ; alors que nous ne sommes même pas en mesure de savoir si il s'agissait vraiment de civils sans même parler de leur nombre.

Ces chiffres alimentent le courroux de ceux qui sont de toute façon anti-sionistes mais n'aident pas la réflexion.

Par contre, il est certain que le Liban est pour longtemps une victime économique et cela suffit à mettre en question la stratégie israelienne.

jeudi, juillet 20, 2006

Un tabou français : l'Education Nationale, l'inspection générale

Enfin quelqu'un qui expose une idée associant économie et pédagogie au sein de l'EN. Comme quoi c'est possible, et ça se fête !

L'inspecteur ne rappelle jamais

Sur le style

De Marc Fumaroli :

Vivant dans une époque où les techniques de communication ont rejeté dans l'indifférence générale la langue que l'on parle et, à plus forte raison, le style dans lequel on s'adresse à autrui, il est stupéfiant de découvrir la passion que des temps moins éclairés mirent à disputer sur les qualités de leur langage, sur l'honneur qu'il pouvait faire à autrui et sur la faveur qu'il pouvait valoir au sujet parlant et écrivant.

J'ai relevé cette phrase dans l'excellent Exercices de lecture, à propos de la querelle provoquée par les lettres de Guez de Balzac, en 1624. La question était simple : doit on au lecteur et, plus encore, à ses interlocuteurs, un style très travaillé, voire maniéré, ou, au contraire, un parler direct et franc, à la Montaigne ? Les réponses furent fort toniques, les bretteurs se jetant avec enthousiasme dans la bataille.

Vous pouvez deviner dans le commentaire cité tout l'humour pince-sans-rire de Marc Fumaroli.

Cette remarque me poigne durement, car le reproche essentiel que je fais à mon blog est justement de manquer de style.

Puisqu'on en est à évoquer le "Grand Siècle", je ne résiste pas au plaisir de vous expliquer une idée de Marc Fumaroli, une de ces perles qu'on trouve dans ses écrits.

Il voit dans l'art de la conversation à la française une des sources de l'anti-parlementarisme, c'est-à-dire, au fond -ne jouons pas sur les mots- de l'antidémocratisme français.

Selon l'idée bien tocquevilienne que plus la forme change, plus le fond se conserve, les Français ont gardé l'habitude d'Ancien Régime de la politique faite par relations, entre "beaux esprits", des complots de salons, des connivences mondaines, de la cooptation à tous les étages.

Il est vrai que les débats parlementaires paraissent bien vulgaires à coté d'une réception "entre soi", d'un petit dîner en ville, où l'on décide "Tiens, Untel serait bien à GDF. Tartempion me paraît l'homme qu'il faut pour le ministère de la protection des bacs à sable. Avez vous pensé à mon ami Trucmuche pour le secrétariat aux albinos borgnes ?"

La dernière réussite tonitruante de cette politique des salons est la nomination de Noël Forgeard à EADS.

Que vaut-il mieux ? Une belle catastrophe dans les règles, mise en musique par des gens très bien, bardés de diplomes et avec un carnet d'adresses gros comme un annuaire téléphonique, ou une réussite due à des tacherons sans style ni relations ?

Napoléon, à qui on peut trouver bien des défauts mais pas celui d'être naïf en politique, avait la plus grande méfiance des salons, quitte à s'en servir à l'occasion. La promotion se faisait essentiellement sur le champ de bataille, non dans les salons.

Une autre forme de cette politique des salons est le "politiquement correct" : c'est bien une mode venue d'en haut, des "milieux intellectuels" (sous-entendu "qui pensent", par opposition aux autres, la populace, qui ne pensent pas) qui prétend imposer de bonnes manières, comme en son temps telle ou telle mode, des Précieuses aux Lumières. Or, on constate facilement qu'il n'y a pas, c'est le moins qu'on puisse dire, une demande forcenée de "politiquement correct" émanant des tréfonds du pays.

Quand reconnaîtra-t-on enfin qu'il n'est pas facile de vivre avec une famille immigrée de dix enfants sur le même palier ? On peut lancer toutes les accusations de racisme que l'on veut, elles serviront juste à décridibiliser leurs auteurs vis-à-vis des étiquetés racistes (1), qui font les classes populaires que nos anti-racistes compulsifs prétendent par ailleurs aimer d'amour tendre. Ironique paradoxe politique : les antiracistes s'étonnent, se peinent, se courroucent du vote d'extrême-droite sans s'apercevoir qu'à nier le vécu des électeurs en question (non, vivre dans un immeuble ou un quartier "métissé" n'est pas que du bonheur), ils alimentent le vote qu'ils condamnent. Je soupçonne d'ailleurs certains d'avoir, du moins au début, adopté cette attitude sciemment pour diviser la droite.

J'ai pris l'exemple de l'anti-racisme, j'aurais pu prendre celui du soit-disant mariage homosexuel.

On retrouve là un tropisme de gauche comme quoi le peuple aurait besoin d'une avant-garde pour le guider. Seulement, il arrive dans la plupart des cas que l'avant-garde est tellement avancée qu'elle perd le peuple en route ; ce qui est bien sûr la faute de ces crétins du peuple qui n'ont pas marché assez vite.

Et comme tout est un éternel recommencement, ne pourrait-on dire que notre politique souffre du même mal que celle de l'Ancien Régime, à qui Edgar Faure attribuait la disgrâce de Turgot ? A savoir la coupure d'avec le peuple, car aucun sondage ne remplace le contact fréquent et répété avec des hommes de milieux, de professions et d'origine variés, dont on partage au moins en partie les intérêts.

Peut-être puis-je trouver là l'explication de mon mépris de la classe politique (le mot classe est déjà en soi une insulte). Alors que je suis tout prêt à reconnaître qu'il y a d'incontestables valeurs dans nos batteurs d'estrade politique, je n'en considère pas moins qu'ils manquent à leurs devoirs.

Ne partageant plus les intérêts du peuple, étant des rentiers de la politique, tondant sur notre dos la laine des impots qui les font vivre, ils ne peuvent plus, même avec la meilleure volonté du monde, remplir leur fonction de représentation.

(1) : une petite remarque mais si anodine que nos pieux antiracistes défenseurs du genre humain ne s'y arrêteront pas : les études sur le vote FN montrent qu'il n'y a pas en France de racisme abstrait basé sur la diffusion massive d'idées théorisant la supériorité de telle ou telle race : si racisme il y a, il est concret, rattaché à des difficultés de cohabitation, à des situations de concurrence. C'est d'ailleurs pourquoi les narcissiques manifestations "anti-fascistes" ("Que je me vois si Résistant en ce miroir") n'ont jamais eu pour effet de faire diminuer le racisme ; on ne règle pas des problèmes prosaïques en manifestant.

Liban-Israel-Iran vus par un expert

Alexandre Adler aécrit que les articles passionnés de la presse française sur ce sujet font souvent plus de chaleur que de lumière.

Dans une région aux responsabilitées si enchevêtrées, il est non seulement inutile mais idiot de prendre parti pour l'un des camps.

Mon coeur penche plutôt vers Israel mais pas au point que ça pèse dans mon analyse parce que d'un autre coté le Liban m'a laissé un excellent souvenir (tout comme d'ailleurs, à quelques nuances près, l'Iran). (Aparté : je vous conseille, dans quelques temps, un voyage au Liban et en Iran, car, comme toujours, la vie reprendra).

L'article d'Olivier Roy est rude : la guerre ne s'arrêtera pas de sitôt car personne, sauf les Libanais, qui hélas ne comptent pas, n'y a intérêt. Si il n'y a pas de solution politique immédiate, il y a des choix militaires à faire qui auront une influence sur l'avenir.


L'Iran fait monter les enchères

lundi, juillet 17, 2006

Liban-Israel vu par un neutre de naissance

Je vous ai déjà conseillé le site de ce militaire suisse (militaire et suisse : deux bonnes raisons de garder la tête froide).

Ludovic Monnerat

Je ne suis pas d'accord avec toutes les positions de l'auteur, mais du moins il exprime des idées discutables et non des postures doctrinaires (soit "Tout arabe est un émule d'Hitler en puissance" ; soit "Tout Israelien est un affreux suppôt bushiste impérialiste, un bourreau d'enfants").

Comme un bonheur ne vient jamais seul, il arrive que certains commentaires de lecteurs soient intéressants.

Quant à la question de Monnerat "Sommes prêts à faire face aux conséquences de ce conflit ?", la question est clairement négative.

Par exemple, sommes nous préparés à un super à 3€/l ? Hypothèse pas la plus probable mais pas impossible. Je n'ai pas besoin de vous faire une conférence de 2h pour vous démontrer que non.

dimanche, juillet 16, 2006

Politique internationale : comme c'est bon et reposant de caricaturer

Il semble que dans les medias français se soient installées les équations suivantes Israel = amis des amricains + juif = captalisme mondialisé libéral = Mal et Arabes = pauvres prolétaires=Bien.

Suivant cette logique, comme les USA, Israel a toujours tort sauf quand elle se laisse taper dessus sans réagir. Quand elle réagit, c'est toujours ou trop, ou au mauvais moment, ou de la mauvaise façon, ou tout cela à la fois.

Mais que croyez vous que devrait faire la France si Roubaix était régulièrement bombardé à partir de la Belgique par des terroristes flamands ?

Dans cette région où la raison est souvent obscurcie par les sentiments et les symboles, il faut tenter de garder la tête froide.

On sait bien que les protagonistes du conflit actuel sont Israel et l'Iran, que le Liban n'y est, une fois de plus, qu'un pion plus ou moins connivent avec l'un des joueurs.

Que veulent-ils ?

Israel, c'est tout à fait clair, veut la paix, mais ne sait que faire la guerre. L'objectif consiste à faire comprendre aux Libanais que cela coûte très cher d'héberger le pion iranien et qu'il est préférable de s'en débarasser. Cependant, l'histoire prouve que ce n'est pas ce que vont comprendre les Libanais.

L'Iran veut la bombinette et utilise son pion pour foutre la merde en détournant l'attention.

La situation est presque insoluble.

Les efforts faits pour reconstituer une armée libanaise capable de s'opposer au Hezbollah allaient dans le bon sens ; malheureusement, ils ont buté sur le manque de constance des promoteurs (les USA), la corruption des politiciens et les divisions communanutaires.

A mon sens, il faut donc qu'Israel continue à se battre jusqu'à ce que ces opposants s'aperçoivent qu'ils ont autre chose de plus intéressant à faire dans la vie que d'essayer de l'anéantir.

C'est ce qui s'est passé en Egypte et en Jordanie, même si les relations d'Israel avec ces pays sont très fragiles.

Le Liban est un pays superbe, qui dispose de beaucoup d'atouts. Il serait tant que les Libanais estiment qu'il est plus important de mettre en valeur leur pays que d'aller emmerder le voisin du sud.

Ca demandera des efforts couteux : chasser les milices palestiniennes et désarmer le Hezbollah ne se fera pas en un jour ; mais si il y a la volonté et un personnel politique adéquat (c'est comme en France ce qui manque le plus au Liban : un personnel politique à hauteur de sa tâche), ça finira par se faire.

Maintenant, que peut faire la France, qui n'est pas sans influence au Liban ? Ne pas céder aux pleureuses de la victimisation libanaise, tenir un discours relativement dur de responsabilisation ("Vous avez toléré les tirs du Hezbollah, vous l'avez bien cherché") et proposer des aides orientées pour après.

Honnêtement, les politiciens français, et notamment le premier d'entre eux, nageant en pleine irresponsabilité, je ne les crois pas en mesure d'agir dans le sens que je pense préférable. C'est bien dommage.

samedi, juillet 15, 2006

Liban, le feu aux poudres

Ne partageant en rien l'antisionisme forcené de la coterie intello-médiatique française, je peux dire que je suis pas certain que la réaction israelienne au Liban soit la bonne.

Néanmoins, il faut remettre la situation en perspective : il y a eu, après les premières années de reconstruction, entachées de beaucoup de corruption, disons vers l'an 2000, un espoir que le Hezbollah devienne un parti politique "comme les autres", et que, donc, le Liban puisse enfin vivre une politique apaisée.

Cet espoir a été déçu : le Hezbollah continue à détourner la frustration des Libanais vers l'extérieur, Israel, en fonction d'intérêts étrangers (iraniens) plutôt que de s'impliquer dans les affaires du pays et de prendre à coeur les intérêts libanais (qui ne sont certainement pas de provoquer Israel).

Israel signifie aux Libanais, à sa manière dépourvue de douceur, que cela coûte cher de se mêler aux affaires d'un voisin plus puissant et volontiers batailleur.

Dit brutalement : si les Libanais s'étaient un peu plus occupés de travailler et de faire fortune en se prenant en charge plutôt que de mettre tous les problèmes sur le dos de boucs-émissaires (sionistes ou syriens), ils n'en seraient pas là.

Seulement voilà : la corruption et le morcellement du système politique ne permettaient cette pas remise en marche. Le Liban de 1995 n'était pas la France de 1945.

Bref, le Liban est encore dans une impasse. Qu'en pensent les Libanais ?

Le Hezbollah libanais est plus fidèle à Téhéran qu'à Beyrouth

Une nouvelle invention : le coup de boule antiraciste

Nous vivons décidément dans un monde formidable. A la faveur des derniers événements, je viens d'apprendre qu'il est licite de castagner n'importe qui, du moment qu'on peut arguer d'une provocation raciste.

Un peu arriéré que je suis, je me demande ce que l'insulte raciste a de si extraordinairement différent d'une insulte simple pour justifier ce traitement préférentiel.

Mais passons, ma question est oiseuse. En effet, il est aisé de montrer, avec un peu de dialectique, que toute insulte contient des éléments de racisme (si, si, en cherchant bien).

La civilisation vole de progrès en progrès.

vendredi, juillet 14, 2006

Un tabou français : la médiocrité de l'Education Nationale (telle que révélée par elle-même)

En matière d'enseignement, la médiocrité commence par l'abaissement des exigences. A en croire le document ci-dessous qui m'a été obligeamment communiqué (mes commentaires en rouge), nous sommes bien partis pour battre des records d'ignorance et d'inculture :

Conseils d'évaluation

mercredi, juillet 12, 2006

Je suis réactionnaire (2)

Décidément, mon cas s'aggrave : j'en suis à considérer qu'expulser des immigrés clandestins est tout à fait normal et que c'était déjà bien généreux de notre part d'accueillir les plus jeunes dans nos écoles, c'est dire si vraiment il n'y a plus rien de bon à tirer de moi.

Aparté : je signale qu'il ya une solution libérale très simple aux problèmes d'immigration : liberté de circulation totale des individus, équilibrée par une liberté tout aussi totale d'embaucher ou non et par la disparition du collectivisme, de manière à éviter le phénomène de passager clandestin, par exemple, tout le monde devrait payer directement, individuellement, l'école de ses enfants, y compris, donc, les immigrés.

Revenons à nos moutons : je m'enfonce encore en précisant que je suis totalement opposé à la "discrimination positive" sarkozienne, c'est ajouter une injustice à un dysfonctionnement.

Si nos institutions scolaires et politiques fonctionnaient correctement, une véritable méritocratie existerait et "l'ascenceur social" rendrait inutile la "discrimination positive". C'est parce que l'on n'a pas le courage de s'attaquer à la médiocrité de l'EN, qui fait tout pour que pas une tête ne puisse dépasser, qui trouve même indécente la compétition scolaire, que l'on a besoin de quotas d'admission suivant l'origine.

Si ce débat vous intéresse, vous pouvez suivre ce qui se passe dans le Michigan où une proposition de referendum d'initiative populaire pour supprimer les programme d' affirmative action a déclenché un débat fort animé.

Je vous soumets deux articles en Anglais de City Journal. Je vous les résume :

Premier article :

The immorality of environmentalism

L'environnementalisme est immoral :

> Pourquoi protéger des espèces animales ? Les environnementalistes écrivent que l'humanité n'est qu'une espèce parmi d'autres et qu'elle a le devoir de protéger la nature. Or , l'homme étant l'unique animal doué de conscience, nous ne sommes pas une simple espèce parmi d'autres.

Les animaux, c'est bien, mais l'homme premier servi. Si la construction d'une autoroute entraîne la disparition du grillon sauteur à poils ras, c'est dommage mais les besoins des hommes sont les seuls qui comptent ; la nature n'a pas de valeur en soi, en dehors de son utilité pour l'homme.

> Les environnementalistes veulent s'imposer aux autres hommes. En effet, rien ne les retient dès aujourd'hui de protéger toutes les espèces qu'ils veulent dans leur jardin ; mais leur but est que les autres hommes agissent en fonction de leurs priorités et de leurs choix. Si M. Théodule veut arrêter de consommer du tournedos Rossini pour protéger le boeuf et le canard, grand bien lui fasse, mais au nom de quoi imposer à M. Tartempion, grand amateur de tournedos Rossini, de ne plus en manger ?

> L'environnementalisme poussé au fond de sa logique, c'est la passivité complète (puisque chaque fois que l'homme agit, il dérange la nature) et donc la mort. L'environnementalisme est un symptôme des tendances suicidaires de l'occident

Deuxième article :

Can we make boys and girls alike ?

Le féminisme est condamné à l'échec.

> les féministes pensent que la différence de genre (et non de sexe) est culturelle : elle est due au fait que les enfants sont élevés principalement par les mères, qui reproduisent le comportement de leur propres mères, et induisent, par la différence des rôles entre père et mère, la différenciation de genre.

> il "suffirait" donc que les enfants soient élevés rigoureusement à part égale par les mères et les pères dans des rôles absolument identiques pour que les différences de genre disparaissent. Suivant cette logique, je suis curieux de voir les hommes allaiter ! Il est vrai que la réponse féministe est de dire que les femmes ne devraient plus allaiter mais partager le biberon avec les pères.

A ce stade, deux réflexions :

> Pourquoi la disparition des genres serait-elle souhaitable ?

> Ce projet est d'essence totalitaire puisqu'il veut s'immiscer au plus intime des comportements. Or l'expérience la plus proche, et pourtant encore très lontaine, de cet idéal, celle des kibboutz, fut un échec. Les enfants des kibboutz n'étaient plus les enfants de telle ou telle famille mais les enfants du kibboutz élevés tous ensemble. Or, cela a échoué car les mères se sont arrangées pour récupérer leurs enfants.

Autrement dit, la volonté des féministes de ne plus différencier père et mère se heurte à l'envie individualiste des femmes de s'épanouir aussi en tant que mères.

> Le féminisme, dans son idéal de société androgyne, est donc condamné à cause des femmes qui veulent être des mères, est-ce à dire qu'il est sans conséquence ? Non, car présenter les femmes comme des victimes des hommes à dédommager d'une manière ou d'une autre, par exemple par des quotas, est source d'injustice.

Orwell visionnaire

Ca y est ! Plus besoin de lire 1984, c'est devenu une réalité. Ca tombe bien puisque, de toute façon, la proportion de ceux qui savent lire et, plus encore, la proportion de ceux qui lisent, diminue de jour en jour.

Bien sûr, Orwell n'avait pas tout imaginé avec les modalités présentes mais l'essentiel y est :

> La novlangue : la simplification outrancière du langage, au point de priver la pensée d'outils, est une réalité tellement évidente qu'il n'est pas besoin que je m'étende sur ce point "super grave qui craint".

Même la perversion orwellienne du langage est là : appeler anti-racisme le rejet de la majorité blanche, féminisme l'horreur du masculin, solidarité la distribution étatique, tolérance la condamnation de toute opinion hors bien-pensance, libéralisme la collusion Etat-grandes firmes, principe de précaution la paralysie de la recherche, prévention la normalisation des conduites, etc.

> la police de la pensée : nul besoin de revenir sur les lois "mémorielles" et "anti-phobies", elles ne s'attaquent qu'à l'expression de sentiments et de pensées, mais, ce faisant, elles s'attaquent aux sentiments et aux pensées.

Particulièrement significatif du fait qu'on veut contrôler la pensée et pas seulement l'expression : le cas de l'humour. Aujourd'hui, les certains sketchs de Coluche ou de Desproges déclencheraient à coup sûr des poursuites. Or l'humour est justement un mode d'expression "correct" des pensées "incorrectes", en ne laissant pas le champ libre à l'humour, on prouve bien que c'est à la pensée elle-même qu'on en veut. Qu'on ne s'étonne donc pas de manquer de comiques de qualité : le comique relève toujours plus ou moins de la transgression.

> le calibrage des comportements et la rééducation des récalcitrants : la liste est longue des sujets sur lequels l'Etat, et plus largement nos maîtres les "leaders d'opinion", essaie avec une douceur toute maternelle et pleine de sollicitude non sollicitée de nous protéger de nous-mêmes, c'est-à-dire de nous priver de liberté : tabac, alcool, automobile, saut à l'élastique, sexe. Avant hier, un ministre annonçait la création en coordination avec la Française des Jeux d'un organisme destiné à protéger les "accros" des jeux de hasard d'eux-mêmes.

On en vient, étape ultime, à intérioriser l'auto-censure. Savez vous que j'ai hésité à écrire dans un message que je trouvais le mariage homosexuel ridicule et l'adoption par des couples homosexuels néfaste ? Bien sûr, cette hésitation est navrante et je me suis repris : ce n'est qu'une opinion discutable et non une attaque ad hominem.

L'armée américaine en Irak

Le site du Suisse (pas petit) Ludovic Monnerat est toujours bien intéressant :

Une erreur de perspective

Ca nous change de l'anti-américanisme primaire dont le plus usant est sa bêtise.

lundi, juillet 10, 2006

Je suis réactionnaire

Bien que non croyant, je fais mien cet extrait d'un entretien du Point avec Marc Fumaroli :

On dit que vous êtes très croyant...

En effet. Ma croyance n'est peut-être pas toujours orthodoxe, mais elle est imperturbable. Messe, confession, je ne me refuse rien... Sur ce dernier point, je dirai tout de même qu'il est de plus en plus difficile d'avoir un péché à confesser tant les prêtres sont devenus indulgents ! Maintenant, il leur faut, au moins, un gros crime pour imposer une pénitence ! S'ils étaient plus sévères, je me confesserais plus souvent...

Vous semblez décidément bien à l'aise dans votre rôle de réactionnaire...

Ce mot ne m'effraie pas - au contraire ! Si, la « réaction », c'est l'aptitude à résister aux conformismes du temps, alors oui, j'en suis ! Avec Baudelaire, Cézanne, Proust... Le neuf et le majoritaire ne sont pas des critères de vérité ni de beauté. Rassurez-vous : je n'ignore pas qu'il existe aussi des réactionnaires rancis et obtus. Si l'on veut bien, pourtant, se souvenir du sens que donnaient à l'attitude réactive un Burke, un Maistre, un Balzac, c'est elle qui apparaît « absolument moderne »...

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Je me réclame aussi de Montaigne, "ennemi des nouvelletés", très méfiant des exaltations collectives, même et surtout quand elles prétendent faire le salut de l'humanité

Et pour bien signer mon crime d'affreux réactionnaire, j'ajoute ces articles du Figaro :

Ombres et vertiges de l'adoption

Israël : leçons incorrectes

Enfin, vous savez que je tiens la décadence actuelle de l'humour, qui se meurt de langueur, comme l'un des pires ravages du GTBP*.

Songez à cette réplique d'un film de 1963, les Tontons Flingueurs :

Un légionnaire de chez tonton (pardon, de nos jours, on dit homosexuel) se pointe avec son minet (pardon, de nos jours, on dit partenaire) qui a le malheur de se mêler à la conversation, aussitôt rabroué par un :

"Chez moi, quand les hommes parlent, les gonzesses se taisent."

Hé bien aujourd'hui, plus un dialoguiste n'oserait écrire cela, il aurait deux procès aux fesses, un pour homophobie et un pour sexisme, et bien content si le minet n'étant pas arabe ou noir, il échappe à l'accusation de racisme, sans compter le procès médiatique, moins judiciaire mais tout aussi réel, en sorcellerie fasciste ou, au minimum, plouc-petit-blanc.

Les seuls dont il soit loisible, si l'on respecte la GTBP*, de se moquer sont les politiciens et les riches. Etrange époque que la nôtre !

Le pénible des éradicateurs bien-pensants de tout poil, de Robespierre à Pol-Pot, jusqu'à leurs émules moins armés mais aussi motivés du Paris de 2006, est une imperméabilité à l'humour qui fait passer le moindre croque-mort pour un comique troupier.

Je le comprends d'ailleurs : il est difficile pour quelqu'un qui croit détenir une parcelle du Souverain Bien et être dans sa mesure un Sauveur de l'Humanité (souffrante, évidemment souffrante ; sans souffrance, pas besoin de Sauveur) de condescendre à un peu d'auto-dérision.

Les communistes (et leurs successeurs actuels, par exemple les écolos) ont toujours été sérieux comme des papes. C'est normal, puisqu'il s'agit de religion et non de politique.

* : Guimauve Totalitaire Bien pensante